IntroductionLa dermatose érosive et pustuleuse de jambes (DEPJ) est une entité clinique associant érosions, pustules et croûtes d’évolution chronique sur les jambes. Son autonomie est encore discutée en l’absence de critères diagnostiques spécifiques. L’objectif de l’étude était de décrire les caractéristiques cliniques et paracliniques de la DEPJ à partir d’une série de patients présentant un tableau clinique compatible avec ce diagnostic.Patients et méthodesCette étude rétrospective a inclus tous les malades ayant un aspect clinique compatible avec une DEPJ, selon la description princeps, vus dans notre service entre 2005 et 2009. Les caractéristiques cliniques et évolutives de l’affection ainsi que les résultats des examens complémentaires (microbiologiques, immunopathologiques et vasculaires) ont été colligés et analysés de manière descriptive.RésultatsChez les 16 malades inclus (âge moyen : 81 ans, sex-ratio H/F : 0,2), les lésions étaient toujours localisées au tiers moyen de la face antérieure de la jambe et associées à une dermite ocre et une atrophie cutanée ; elles étaient bilatérales dans dix cas sur 16. Les examens paracliniques étaient pour la plupart négatifs ou non pertinents, en dehors de l’immunofluorescence directe cutanée (IFD). Réalisée chez 14 patients, l’IFD a montré dans trois cas des dépôts linéaires de C3, permettant de retenir le diagnostic de pemphigoïde bulleuse pré-tibiale. Dans les 13 autres cas, le diagnostic de DEPJ idiopathique a été retenu. Parmi ces 13 patients, trois avaient (ou avaient eu) un carcinome spinocellulaire sur la jambe. La corticothérapie locale s’est avérée efficace dans 12 cas sur 13 (durée moyenne de traitement : six mois). Les récidives étaient fréquentes (6/12).DiscussionNotre étude démontre la nécessité de pratiquer une biopsie cutanée avec IFD devant un tableau évocateur de DEPJ, car la pemphigoïde localisée pré-tibiale peut se présenter cliniquement de manière tout à fait similaire. Les troubles trophiques en rapport avec la stase veineuse sont fréquents au cours de la DEPJ, mais d’interprétation difficile du fait de leur forte prévalence dans cette population âgée. L’association à une héliodermie marquée est à souligner, ce qui pourrait rapprocher la DEPJ de la dermatose érosive et pustuleuse du cuir chevelu.