IntroductionUne BPCO ne touche pas seulement la fonction respiratoire d’un patient. Elle affecte aussi ses ressources cognitivo-affectives. Ces retentissements s’observent notamment par la présence de troubles anxieux et dépressifs à différents temps de l’histoire de la maladie. Cette revue de la littérature propose des définitions contemporaines de ces troubles, leurs liens avec la BPCO, et leurs modalités d’évaluation en contexte pneumologique.État des connaissancesLes fonctions neurocognitives et les ressources émotionnelles sont perturbées par l’installation insidieuse puis handicapante d’une BPCO. La prévalence s’élève à 50 % pour les troubles anxieux, et 33 % pour les troubles dépressifs. Ces symptômes aggravent la dyspnée, dégradent la tolérance à l’effort, majorent les sensations de fatigue, augmentent l’instabilité émotionnelle, nuisent à l’observance, favorisent les conduites à risque vis-à-vis de la santé et altèrent la communication avec les soignants. Leur présence augmente aussi le nombre annuel d’exacerbations et d’hospitalisations. En pratique, si l’entretien clinique semi-directif reste le meilleur moyen pour les mettre en évidence, l’auto-questionnaireHospitalization Anxiety Depressions’avère un outil fiable et sensible de screening symptomatologique.PerspectivesChez des patients ne souffrant pas d’un trouble dépressif ou anxieux majeur (d’origine généralement externe à la BPCO), les symptômes anxieux et dépressifs sont le révélateur d’un manque de compréhension de la maladie, de difficultés d’ajustement psychologique à la maladie, d’une mauvaise communication et d’une solitude. Sauf pour les cas graves où le recours aux médicaments est nécessaire, des solutions d’accompagnement existent, l’éducation thérapeutique, l’appropriation et la régulation comportementale par la réhabilitation, la formation à la relation patient-soignant et les réseaux de santé.ConclusionLes troubles anxieux et dépressifs s’invitent à un moment de la vie du patient diagnostiqué BPCO. Tout professionnel de santé ne doit pas banaliser ces signes en pensant à la fatalité, à un trouble de la personnalité, à l’évolution naturelle de la maladie ou au vieillissement. Des solutions thérapeutiques existent désormais.