ObjectifsRéaliser en langue française – dans laquelle il n’en existait pas – une revue de la littérature sur leBody dysmorphic disorder(BDD), consacré comme maladie autonome en 1987 dans le DSM-III-R en lieu et place du concept ancien et mal défini de dysmorphophobie. Ce travail nous a semblé nécessaire vu les progrès effectués dans la connaissance du BDD et la banalisation des interventions de médecine et de chirurgie esthétiques, dans les indications et les résultats desquelles le BDD peut être impliqué.MéthodesNous avons relevé dans Medline toutes les publications en langue anglaise ou française sur le BDD et la dysmorphophobie, lu les abstracts et sélectionné les publications originales. Nous nous sommes aussi référés aux publications concernant notre objet citées dans les articles sélectionnés. Nous avons ensuite fait une lecture critique de tous les articles sélectionnés.RésultatsLe BDD est une maladie fréquente en population générale avec une prévalence ponctuelle de 1,7 à 2,4 %. Il est souvent sévère. Les formes délirante et non délirante du BDD appartiennent probablement à la même entité et répondent au même traitement. L’efficacité du traitement par les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et les thérapies cognitivo-comportementales est démontrée par des études contrôlées. Les traitements esthétiques très souvent demandés par les patients BDD ne sont pas efficaces et leurs effets peuvent être négatifs.DiscussionNotre revue confirme les progrès réalisés dans la connaissance du BDD ces dernières décennies. Les résultats les plus intéressants concernent la clinique, l’épidémiologie en population générale, et la thérapeutique du BDD. La prévalence du BDD en population générale devrait inciter les médecins à prendre en compte cette pathologie devant la demande, de plus en plus banale, d’interventions de médecine et chirurgie esthétiques. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires, en particulier pour mieux comprendre la demande de traitements non psychiatriques des sujets BDD et les réponses qu’y donnent les médecins et chirurgiens concernés.