IntroductionL’hyperhidrose est une sécrétion excessive de sueur qui peut avoir un impact important sur la qualité de vie, avec des répercussions psychologiques et sociales. Elle est le plus souvent localisée (aisselles, mains, pieds) mais peut aussi être étendue à la plus grande partie du revêtement cutané. Dans ce cas, après avoir éliminé une cause sous-jacente, on peut proposer un traitement systémique symptomatique. Nous avons souhaité rapporter notre expérience de l’oxybutynine à dose modérée dans le traitement de l’hyperhidrose étendue.Patients et méthodesNous avons étudié rétrospectivement les dossiers des patients chez qui un traitement par oxybutynine avait été prescrit entre le 1erfévrier 2008 et le 18 octobre 2010 pour une hyperhidrose étendue gênante. Dans tous les cas, des examens cliniques et paracliniques avaient d’abord éliminé une affection sous-jacente. L’oxybutynine était débutée à la dose de 1,25 mg (Ditropan®, un quart de comprimé par jour), puis augmentée par paliers de 1,25 mg tous les quatre jours jusqu’à la dose minimale efficace, sans dépasser 2,50 mg trois fois par jour, afin d’éviter les effets secondaires importants. Au bout de deux mois, nous avions demandé aux patients d’évaluer leur degré de satisfaction entre 0 et 10, le degré d’efficacité du traitement et son délai d’efficacité, les effets secondaires et la poursuite ou non du traitement.RésultatsTrente patients on été inclus dans cette étude : 24 femmes et six hommes âgés de 19 ans à 64 ans (moyenne = 33 ans). Vingt-quatre (80 %) ont jugé le traitement très efficace et trois (10 %) moyennement efficace ; le degré de satisfaction de ces 27 patients était de 6 à 10 avec une médiane à 8,5. Le délai d’action était de dix à 21 jours, avec une moyenne à 15,4 jours. Des effets secondaires étaient notés chez dix patients sur 27 (37 %), à type de sécheresse buccale bien tolérée. Le suivi a été de deux mois à 32 mois (moyenne : 14,9 mois), avec deux perdus de vue. Trois patients (10 %) ont stoppé le traitement en raison d’effets secondaires tels que lipothymies et troubles de l’accommodation ; leur degré de satisfaction allait de 1 à 3 sur 10.DiscussionLe traitement de l’hyperhidrose primitive étendue ou généralisée n’est actuellement pas codifié. Notre étude montre l’efficacité de l’oxybutynine dans cette indication, à une dose modérée, avec une relative bonne tolérance. Une étude contrôlée versus placebo permettrait peut-être d’asseoir mieux la place de ce médicament connu de longue date dans le traitement des hyperhidroses étendues.