Paludisme au Gabon : résultats d’une étude bioclinique à l’hôpital de l’amitié sino-gabonaise de Franceville
Auteurs : Lekana-Douki JB1, Pontarollo J, Zatra R, Toure-Ndouo FSCes dernières années, des modifications de l'épidémiologie du paludisme et de la chimiosensibilité du parasite Plasmodium falciparum ont été observées grâce à l'application des nouvelles stratégies de lutte. Dans ce contexte, une étude épidémiologique et moléculaire du paludisme a été réalisée au service pédiatrique de l'hôpital de l'amitié sino-gabonaise (HASG) de Franceville, troisième ville du Gabon, située en zone de forte transmission palustre. À partir cette étude, 945 enfants ont été vus en consultation, dont 756 consultaient pour un motif de fièvre ou histoire de fièvre. La recherche d'hématozoaires chez l'enfant fébrile a été effectuée par goutte épaisse. La prévalence du portage d'hématozoaires a été estimée à 17,9 % (n = 135) chez l'enfant fébrile. Bien qu'étant toujours un problème de santé publique majeur, le poids du paludisme à Franceville a baissé et cette pathologie ne constitue plus que le deuxième motif de consultation, alors qu'il était en tête en 2004. En parallèle, l'âge moyen (48,5 ± 3,9 mois) des enfants faisant un accès palustre augmente ; il était de 24 mois à Franceville en 2004 (p < 0,05). Par ailleurs, on a évalué la prévalence de marqueurs moléculaires de la résistance: la prévalence du génotype sauvage N86 de Pfmdrl a augmenté (15,8 % en 2004 contre 47,4 % [n = 64] en 2010 ;p < 0,001). L'augmentation de la prévalence de génotype D1246 reste non significative. De plus, une étude analytique des données de l'enquête a tenté de déterminer des facteurs de risque (liés au niveau socio-économique) et de prévention (liés au suivi de recommandations classiques) de l'infection palustre. Nous montrons que l'utilisation de moustiquaire imprégnée d'insecticides et le fait d'avoir suivi une information ou une communication sur le paludisme sont des facteurs de prévention. Les autres facteurs étudiés ne sont pas démonstratifs. Une étude plus étendue sur l'ensemble de la région et sur une plus grande durée paraît donc nécessaire à la caractérisation du paludisme à Franceville. Il serait aussi intéressant de caractériser les facteurs de transmission.