Matrikines: une nouvelle stratégie thérapeutique anti-cancéreuse.
Auteurs : Monboisse JC1, Sénéchal K, Thevenard J, Ramont L, Brassart-Pasco S, Maquart FXLe microenvironnement tumoral est un système complexe comportant une matrice extracellulaire largement modifiée et différents types cellulaires qui déterminent la réponse angiogénique et l'invasion locale. Sous l'influence de l'hypoxie, les cellules cancéreuses sécrètent des cytokines qui activent les cellules du stroma pour produire des protéases et des facteurs angiogéniques. Ces protéases dégradent la matrice extracellulaire stromale et participent à la libération de divers fragments de macromolécules matricielles, appelés matrikines ou matricryptines, capables de contrôler l'invasion tumorale et la dissémination métastatique. Nous focaliserons cet exposé sur les matrikines dérivées des domaines NC1 des différentes chaînes constitutives des collagènes associés aux membranes basales et notamment le collagène de type IV. Les cibles potentielles d'action des matrikines sont la prolifération et les propriétés invasives des cellules cancéreuses ou des cellules inflammatoires, ainsi que les réponses angiogéniques et lymphangiogéniques. Par exemple, la canstatine, la tumstatine et la tétrastatine, dérivant respectivement des domaines NC1 des chaînes α2, α3 and α4 du collagène IV, inhibent in vivo la croissance tumorale dans divers modèles expérimentaux de cancer. Leur activité anti-cancéreuse se manifeste par un effet anti-prolifératif sur les cellules tumorales et/ou les cellules endothéliales par induction de l'apoptose ou blocage du cycle cellulaire ainsi qu'en provoquant la perte de leur phénotype migratoire. Les matrikines constituent une nouvelle famille de puissants agents anticancéreux qui peuvent être utilisés dans différentes stratégies thérapeutiques: (i) induction de leur surexpression par les cellules cancéreuses ou par les cellules de l'hôte, (ii) utilisation de protéines recombinantes, de peptides synthétiques, d'analogues structuraux conçus à partir de la structure des séquences actives. Ces matrikines pourront être utilisées en combinaison avec des chimiothérapies conventionnelles ou la radiothérapie pour lutter contre la progression tumorale.