ObjectifMontrer qu’une corticothérapie avant le diagnostic de leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) peut entraîner des difficultés dans la prise en charge de la maladie.Patients et méthodesÉtude rétrospective de 2005 à 2011, multicentrique sur 11 enfants ayant reçu une corticothérapie orale à la dose de 0,6 à 3,3 mg/kg/j d’équivalent prednisolone pendant 2 à 15 jours dans les deux mois précédant le diagnostic de LAL.RésultatsQuatre enfants s’étaient présentés avec une pancytopénie fébrile, dont 2 avec un sepsis sévère et un myélogramme initial ne permettant pas le diagnostic en temps utile. L’un d’entre eux avait souffert d’un syndrome de lyse brutale et séjourné à deux reprises en réanimation. Une atteinte méningée avait été observée chez 2 adolescents ayant une LAL-T, avec des lésions cutanées pour l’un, une leucostase cérébrale et pulmonaire, avec insuffisance rénale et coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) pour l’autre. Une enfant était décédée d’un choc septique lors de l’induction d’une LAL-T corticorésistante. Quatre enfants n’avaient présenté aucune complication pendant l’induction. Une corticorésistance avait été notée chez 5 enfants, alors que la réponse aux corticoïdes n’était pas évaluable chez 3 autres enfants. Trois allogreffes de moelle avaient été réalisées : la première pour une rechute méningée précoce et les 2 autres pour des LAL-T réfractaires à l’induction.ConclusionLes corticoïdes peuvent être à l’origine d’un retard à la prise en charge de la LAL et semblent majorer les complications initiales, voire favoriser des atteintes diffuses ainsi qu’une corticorésistance ultérieure. La prudence est donc requise quant à leur prescription notamment devant des tableaux cliniques infectieux peu spécifiques, pour lesquels une numération formule sanguine (NFS) est particulièrement recommandée.