La survenue de symptômes inhabituels évoquant une cause médicamenteuse doit amener à rechercher un éventuel traitement topique, et notamment un collyre chez les jeunes enfants. Nous rapportons les observations de 2 enfants qui ont présenté les effets systémiques d’une administration de collyres mydriatiques à base d’atropine. Un garçon de 6 mois avait été amené à l’unité d’accueil des urgences dans un tableau de rétention aiguë d’urines régressif en 36 h. La recherche de la cause de cette rétention avait été négative à l’exception de l’instillation moins de 3 h plus tôt de 2 gouttes d’un collyre comportant de l’Isopto-Homatropine®1 % (homatropine). Un garçon de 2 ans avait été amené aux urgences pour somnolence, soif et bouche sèche dans les 30 mins ayant suivi l’instillation de 3 gouttes d’atropine à 1 % après une erreur de délivrance (ordonnance d’atropine à 0,3 %). Les symptômes avaient disparu en moins de 6 h. Ces 2 observations soulignent les effets indésirables systémiques possibles des collyres mydriatiques. Ceux-ci font l’objet d’un « suivi national renforcé de pharmacovigilance » chez les jeunes enfants, les plus à risque de complications systémiques potentiellement graves. Du fait de la faible pénétration des collyres dans l’œil, une partie du principe actif est éliminée directement par les voies lacrymales dans la circulation générale. L’importance de n’administrer que de l’atropine à 0,3 % chez les nourrissons, de respecter un temps de compression de l’angle interne de l’œil pendant au moins 1 min, de n’administrer qu’une goutte à la fois et de respecter un délai de 15 mins entre 2 administrations de collyre est soulignée.