IntroductionLe but de cette étude était de préciser la démarche diagnostique, et la prise en charge thérapeutique, devant une suspicion de sarcoïdose des voies visuelles, à travers une étude descriptive des patients atteints de sarcoïdose dans les services d’ophtalmologie de Tours, Rennes et Angers.Patients et méthodesÉtude rétrospective portant sur 30 patients atteints de sarcoïdose et suivis dans les services d’ophtalmologie de Tours, Rennes et Angers entre janvier 1997 et août 2011. Le diagnostic de sarcoïdose était posé sur un faisceau d’arguments cliniques et paracliniques comprenant une preuve anatomopathologique et/ou une hyperlymphocytose avec un rapport CD4/CD8 supérieur à 5 dans le lavage bronchoalvéolaire.RésultatsAu total, 30 patients (83 % femmes et 17 % hommes) ont été inclus. La preuve histologique d’un granulome épithélioïde a été retrouvée chez 24 patients sur 30, soit 80 % des cas. Une uvéite sarcoïdosique a été notée dans 83 % des cas, et une neurosarcoïdose dans 37 % des cas. L’âge médian à la première consultation était de 48 ans (36–87). Trente et un pour cent des patients se plaignaient de dyspnée, 41 % d’arthralgies, 24 % de myalgies et 27 % de paresthésies. L’atteinte ophtalmologique était bilatérale dans 89 % des cas. L’examen à la lampe à fente retrouvait 83 % d’uvéites antérieures. À l’examen du fond œil, on comptait 67 % de hyalite, 13 % desnowbanking, 27 % desnowballset 30 % d’œdème papillaire. L’angiographie à la fluorescéine et infracyanine a pu mettre en évidence 27 % de vascularites rétiniennes. L’enzyme de conversion de l’angiotensine était augmentée dans 52 % des cas avec une médiane à 71 (36–241). Le scanner thoracique retrouvait des anomalies dans 22 cas sur 28 soit 79 % des cas. L’imagerie par résonance magnétique était anormale dans huit cas sur dix. L’IDR à la tuberculine 10 UI était négative dans 12 cas sur 12, soit 100 % des cas. L’étude du lavage bronchoalvéolaire retrouvait une hyperlymphocytose médiane à 0,3 [0,2–0,7] chez 15 patients. Le rapport CD4/CD8 était positif dans 12 cas sur 12. Les corticoïdes par voie orale ont été prescrits à 1 mg/kg par jour à dose dégressive chez 67 % des patients. La durée médiane de la corticothérapie orale était de 12 mois (5–127). À la suite de l’instauration du traitement anti-inflammatoire, 84 % des patients ont décrit une récupération rapide. Près de la moitié des patients ont présenté une récidive de la maladie.ConclusionLe diagnostic positif de la sarcoïdose requiert une enquête clinique et paraclinique rigoureuse, impliquant plusieurs spécialités. La normalité de l’angiotensine convertase ne permet pas d’exclure le diagnostic puisque, dans notre série, elle était normale dans presque la moitié des cas. Les examens avec une sensibilité élevée étaient : l’anergie tuberculinique (100 %), le rapport CD4/CD8 alvéolaire (100 %), le scanner thoracique (79 %) et l’IRM cérébrale (80 %). Les éléments permettant d’orienter le diagnostic étaient : le sexe féminin (83 %), l’âge supérieur à 40 ans (67 %), les arthralgies (41 %), l’asthénie (50 %), la hyalite (67 %) et la choroïdite multifocale (30 %). Dans notre série, plus de 80 % des patients ont été améliorés suite à l’instauration du traitement par corticoïdes.