Nous rapportons le cas d’un garçon de 3 ans admis au service des urgences pédiatriques après une ingestion accidentelle d’un produit à base d’éthylène glycol (EG). Au cours de l’hospitalisation, l’apparition de brûlures mictionnelles associées à des cristaux dans les urines avait été notée. Le bilan sanguin avait mis en évidence une acidose métabolique à trou anionique élevé. Une échographie-doppler rénale réalisée quelques semaines après avait montré de fines images hyperéchogènes bilatérales au sein de la médullaire rénale. L’examen des urines avait révélé la présence de cristaux de weddellite conduisant au diagnostic de néphrocalcinose secondaire à l’intoxication à l’EG. Une hyperhydratation et un traitement inhibiteur de la cristallisation par citrate de magnésium avaient été instaurés. Malgré cette prise en charge, une cristallurie de weddellite et des signes de néphrocalcinose ont persisté plus de 2 ans après l’intoxication. L’EG est métabolisé au niveau du foie par des étapes d’oxydations successives menant à son métabolite final, l’acide oxalique, expliquant l’acidose métabolique à trou anionique élevé observée lors d’une intoxication. Des cristaux d’oxalate de calcium se déposent dans divers tissues notamment les reins. Leur précipitation dans les tubules rénaux peut entraîner une insuffisance rénale aiguë. Le pronostic rénal à long terme est lié aux lésions tubulo-interstitielles chroniques associées à la néphrocalcinose. Le traitement de l’intoxication à l’EG doit être rapide et efficace. Il repose sur les inhibiteurs spécifiques de l’alcool-déshydrogénase et l’hémodialyse dans les formes les plus graves.