Nous rapportons la prise en charge d’une patiente présentant une conjonctivite purulente unilatérale, non compliquée, sans autre atteinte clinique. L’aspect clinique typique et l’examen direct des sécrétions ont permis d’évoquer une conjonctivite à gonocoque et d’initier le traitement. Une souche deNeisseria gonorrhoeae, résistante aux pénicillines et aux tétracyclines, est isolée. En collaboration avec le médecin traitant, la prise en charge a associé des lavages oculaires, une antibiothérapie systémique par érythromycine et topique par azithromycine, puis une corticothérapie locale motivée par la persistance de l’hyperhémie, abandonnée devant la reprise de l’écoulement au profit d’une nouvelle cure d’azithromycine. À J11, la résolution est complète sans séquelle, un contrôle de l’absence de portage résiduel est programmé. Urgence diagnostique et thérapeutique, la conjonctivite à gonocoque est une infection sexuellement transmissible pouvant aboutir à la cécité, méconnue des médecins généralistes et ophtalmologistes. Bien que rare dans les pays développés, son incidence augmente parallèlement à la recrudescence globale des gonococcies. Ce cas de conjonctivite gonococcique permet un rappel des éléments clinico-biologiques du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique, celle-ci devant être précoce, adaptée aux évolutions rapides de la résistance du gonocoque aux antibiotiques et permettre d’interrompre la contagiosité.