Il est usuel de considérer qu’une neuropathie purement sensitive et douloureuse s’accompagnant d’un examen électroneuromyographique « normal » peut ou doit correspondre à une neuropathie des petites fibres. Cela conduit à réaliser des examens spécifiques, comme la mesure de la densité intra-épidermique de fibres nerveuses sur biopsie cutanée, ou des tests neurophysiologiques, tel que l’enregistrement des potentiels évoqués aux stimulations nociceptives (laser) ou la quantification des seuils de sensibilité thermique. Or, ces tests ne sont sensibles qu’à la perte en fibres de petit diamètre (A-delta ou C), ce qui ne rend pas compte des mécanismes à l’origine de la douleur neuropathique périphérique. Une perte sélective en petites fibres sensitives ne génère intrinsèquement qu’un déficit sensitif qui n’a pas obligatoirement de caractère douloureux. Aussi, attribuer la cause d’une neuropathie douloureuse à une neuropathie des petites fibres n’a aucun sens physiopathologique, même s’il existe des liens indirects entre ces deux conditions. En fait, il n’est pas possible d’expliquer de façon univoque les douleurs des neuropathies périphériques, qui reflètent des mécanismes complexes et variés, impliquant différents types de fibres nerveuses. Dans ce contexte, l’approche clinique et paraclinique doit être améliorée pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents. Il est impératif de bien interpréter les données apportées par les examens complémentaires et de les corréler aux signes et symptômes cliniques présentés par les patients. Ainsi, on se doit de dépasser les différents a priori et interprétations abusives qui ont malheureusement cours à l’heure actuelle dans ce domaine et qui ne reposent sur aucune base physiopathologique.