ObjectifL’objectif de cette revue de la littérature était de s’accorder sur une définition des lésions obstétricales du sphincter anal (LOSA), d’en déterminer la prévalence et les facteurs de risque.MéthodologieRevue exhaustive de la littérature concernant les lésions obstétricales du sphincter anal (LOSA), établissement de niveaux de preuve (NP) et de grades de recommandation selon la méthodologie des recommandations pour la pratique clinique.RésultatsPour classer les déchirures périnéales obstétricales, nous avons utilisé la classification de l’OMS-RCOG en 4 degrés de gravité. Pour désigner les déchirures obstétricales du sphincter de l’anus, nous avons utilisé l’acronyme LOSA (lésions obstétricales du sphincter de l’anus) plutôt que les termes de « périnée complet » ou de « périnée complet compliqué ». Les LOSA avec une atteinte isolée du sphincter anal externe (3a et 3b) semblent avoir un meilleur pronostic fonctionnel que les LOSA avec atteinte du sphincter anal interne ou de la muqueuse rectale (3c et 4) (NP3). La prévalence des femmes présentant des symptômes ano-rectaux augmente avec la sévérité des LOSA (NP3). À long terme, 35 à 60 % des femmes ayant eu une LOSA présentent une incontinence anale ou fécale (NP3). La prévalence des LOSA toutes populations confondues est comprise entre 0,25 à 6 %. La prévalence des LOSA chez les primipares est comprise entre 1,4 et 16 % ; elle est plus importante que chez les multipares (0,4 à 2,7 %). En cas d’antécédent de LOSA, la prévalence des récidives varie entre 5,1 et 10,7 % à l’accouchement suivant. La formation et la sensibilisation des praticiens de la naissance au diagnostic de LOSA améliore la détection des LOSA en salle de naissance (NP2). L’expérience professionnelle est associée à une meilleure détection des LOSA (NP3). La formation continue des professionnels de la naissance au diagnostic et à la réparation des LOSA doit être encouragée (Grade C). En cas de déchirure périnéale de grade 2, l’utilisation de l’échographie en salle de travail améliore le diagnostic des LOSA (NP2). Cette aide diagnostique diminue la prévalence des symptômes d’incontinence anale sévère à 1 an (NP2). Le diagnostic de LOSA est amélioré par l’utilisation de l’échographie endo-anale dans le post-partum (72 h–6 semaines) (NP2). Les principaux facteurs associés à la survenue de LOSA sont : la nulliparité et l’accouchement instrumental ; les autres sont l’âge maternel élevé, l’antécédent de LOSA, la macrosomie, l’épisiotomie médiane, la présentation céphalique en variété postérieure, et un travail long (NP2). La présence d’une lésion péri-anale (fissure péri-anale, fistule ano-rectale ou recto-vaginale) est associée à une augmentation du risque de déchirure du 4e degré (NP3). La maladie de Crohn sans atteinte péri-anale n’est pas associée à un sur-risque de LOSA (NP3). Un antécédent de mutilation sexuelle (tous types confondus) n’est pas associé à un sur-risque de LOSA. En cas de mutilation sexuelle de type III, une désinfibulation avant l’accouchement est associée à une diminution du risque de LOSA (NP3) ; dans cette situation, une désinfibulation est recommandée avant l’accouchement (Grade C).ConclusionIl est nécessaire d’utiliser une définition consensuelle des LOSA afin d’améliorer leur dépistage et leur prise en charge.