Utilisation des isotopes par les cardiologues. Résultats de l'enquête française. Le groupe de travail "Cardiologie nucléaire" de la Société française de cardiologie et de la Société française de médecine nucléaire et biophysique.
Auteurs : Pézard P1, Karcher GNous rapportons les résultats d'une enquête menée auprès des cardiologues français afin de connaître l'opinion qu'ils ont et l'utilisation qu'ils font des méthodes d'exploration isotopique appliquées à la cardiologie. Sur 5 050 cardiologues contactés, 1 431 soit 28,3% ont répondu. Les cardiologues sont attirés par les caractères non invasif (84%) et complémentaire des autres méthodes (74%) de ces explorations mais ils en regrettent le coût (55%), l'absence de disponibilité en urgence (35%) et de façon plus générale la difficulté d'obtention (30%). Seuls, 38% disent recourir quotidiennement aux explorations isotopiques, ce recours étant, pour certains, rendu difficile par l'éloignement des centres de médecine nucléaire (en moyenne 32 km mais excédant 50 km dans 29% des cas) et des délais de rendez-vous (en moyenne 13 jours) qui restent souvent excessifs, en particulier pour les scintigraphies myocardiques (thallium ou équivalents). Chaque cardiologue prescrirait en moyenne et par mois 5 scintigraphies myocardiques, 3 scintigraphies pulmonaires et 2 ventriculographies isotopiques. Ces valeurs semblent surestimées et, en fait, les méthodes isotopiques sont relativement sous-utilisées, vraisemblablement plus en raison des facteurs cités plus haut que d'un manque d'intérêt ou de qualité, ces deux points faisant l'objet d'un jugement positif de la part d'une large majorité. Les cardiologues attendent beaucoup plus du compte rendu d'examen qu'une seule description des images obtenues. Comme pour toutes les autres explorations, qu'ils font habituellement eux-mêmes, ils demandent que l'interprétation soit faite en fonction du contexte et s'intègre dans la démarche diagnostique, voire thérapeutique adoptée en propre pour le patient. Idéalement, cela nécessiterait qu'un plus grand nombre de médecins bénéficie d'une double formation de cardiologue et de médecin nucléaire, ce à quoi s'oppose le cursus actuel des études médicales en France.