Physiopathologie de la pré-éclampsie: place de l'immunologie.
Auteurs : Vinatier D1, Prolongeau JF, Dufour P, Tordjeman N, Theeten G, Depret SLa pré-éclampsie est un syndrome fréquent, imprévisible dangereux pour la mère et pour le foetus. Parmi les nombreuses théories proposées pour expliquer cette maladie, le concept d'ischémie placentaire rassemble de plus en plus de partisans. Les auteurs montrent que le système immunitaire maternel, fortement sollicité à tous les stades de la gestation normale, est impliqué dans la pré-éclampsie. Sa responsabilité n'est probablement pas univoque. Les antigènes foeto-trophoblastiques pourraient ne pas être reconnus de façon satisfaisante. Ce défaut de reconnaissance participerait aux anomalies d 'envahissement trophoblastique observées dans la pré-éclampsie. La pré-éclampsie ne semble pas s'accompagner d'un rejet immunologique du foetus. Certaines patientes, génétiquement déterminées, ne disposeraient pas de mécanismes immunologiques suffisamment efficaces pour neutraliser une ou des substances toxiques libérées par le placenta ischémique. Certaines formes de pré-éclampsies seraient des formes de maladies auto-immunes, les auto-anticorps pouvant être dirigés contre certains phospholipides ou contre certains constituants du trophoblaste. Un déséquilibre entre les mécanismes oxydatifs et anti-oxydatifs, impliquant les polynucléaires pourrait conduire à l'agression des endothélium observée dans la pré-éclampsie. La pré-éclampsie pourrait être l'une des formes cliniques de l'immunodystrophisme ; certaines cytokines néfastes au trophoblaste seraient produites localement en quantité trop importante. Sans pouvoir retenir le système immunitaire comme initiateur de la pré-éclampsie, il semble que la responsabilité de celui-ci soit ambiguë : dans certains cas. il met en oeuvre des mécanismes de protection qui, s'ils sont débordés ou insuffisants, laissent apparaître la pré-éclampsie ; dans d 'autres cas, il peut lui-même directement être intégré dans la cascade des agresseurs conduisant aux anomalies observées. L'intégration de ces anomalies dans les schémas physiopathologiques devrait améliorer la classification nosologique du syndrome pré-éclamptique. Cet effort permettra une attitude préventive et thérapeutique de la pré-éclampsie, mieux ciblée, moins empirique.