Une épidémie de dysenterie bacillaire à Shigella dysenteriae type 1 résistante in vitro à tous les antibiotiques de Santé publique est survenue pendant l'été 1994 au Zaïre parmi les réfugiés ruandais. Le seul antibiotique actif disponible sur place était la ciprofloxacine. Celle-ci était administrée à des malades hospitalisés selon un schéma classique de cinq jours. Afin de pouvoir en faire bénéficier un plus grand nombre, une étude randomisée en aveugle a été menée afin de comparer l'efficacité d'un traitement court (1 g de ciprofloxacine en une seule prise par jour pendant deux jours) à celle d'un traitement de référence (1 g de ciprofloxacine en deux prises quotidiennes pendant cinq jours). L'étude a concerné 57 réfugiés âgés de plus de 15 ans présentant un syndrome dysentérique. Shigella dysenteriae type 1 a été isolée chez 26 d'entre eux. Hormis la répartition selon le sexe, il n'y avait aucune différence statistiquement significative des caractéristiques cliniques et bactériologiques des deux populations comparées. Les auteurs ont constaté 12 échecs: 7 parmi les 29 malades sous traitement court et 5 parmi les 28 malades sous traitement de référence. L'efficacité de la ciprofloxacine était indépendante du mode de traitement, que l'on considère les seuls critères cliniques ou les critères bactériologiques. La durée du traitement des dysenteries bacillaires a Shigella dysenteriae type 1 par la ciprofloxacine pourrait donc être réduite à deux jours ce qui présenterait d'autant plus d'intérêt en situation d'épidémie que les fluoroquinolones sont chères et rares. Ceci permettrait de traiter un plus grand nombre de malades en améliorant également l'observance au traitement.