On entend par préfabrication de lambeaux des modalités techniques totalement différentes, souvent complémentaires et associées qui ont en commun la possibilité d'élargir les indications et le potentiel des lambeaux pédiculés ou libres. Les méthodes actuelles de préfabrication des lambeaux peuvent être considérées comme basées sur l'un ou plusieurs des principes fondamentaux de la chirurgie reconstructrice. Les auteurs envisagent et analysent les différentes modalités. Un lambeau libre peut être, préalablement à son transfert, autonomisé ou bénéficier d'une expansion. Deuxième alternative : un transfert peut être préfabriqué sur son site donneur dans un premier temps par la réalisation in situ de plusieurs temps opératoires. Il est possible de réaliser un transfert libre sur l'axe vasculaire principal d'un lambeau ultérieurement transféré, exemple : transfert libre de cuir chevelu pour reconstruire un sourcil sur un site donneur reconstruisant une hémi-face mais, le plus souvent, le premier temps opératoire in situ consiste à réaliser des greffes cutanées, osseuses, cartilagineuses ou même de matériaux alloplastiques. Le transfert n'est pratiqué que lorsque l'on a réalisé in situ une unité anatomique fonctionnelle ou esthétique complexe, suffisamment satisfaisante pour ne pas avoir à réaliser après son transfert des opérations de remodelage difficiles ou dangereuses. L'aspect certainement le plus révolutionnaire dans le domaine des préfabrications est l'induction au niveau d'un territoire dit au hasard d'un néo-lambeau utilisable sous forme pédiculée ou libre. L'adjonction d'un pédicule artério-veineux associé à du fascia sous un muscle, sous un revêtement cutané, au contact d'un segment ostéo-périosté, permet au bout de quelques semaines d'obtenir une unité néo-vascularisée parfaitement transférable. Tous ces procédés décrits : autonomisation avant transfert, expansion avant transfert, préfabrication in situ d'une unité complexe par apport en un ou plusieurs temps de plusieurs unités tissulaires autogènes ou alloplastiques; enfin induction vasculaire d'une unité cutanée musculaire, osseuse, etc... par transfert d'un axe vasculaire au contact de cette structure anatomique et la combinaison de ces diverses modalités ouvrent de toute évidence une voie nouvelle qui va élargir de façon notable les possibilités déjà remarquables offertes par les transferts libres tissulaires.