Pneumopathies à cytomégalovirus. Quelle place accorder à l'isolement du cytomégalovirus dans le sang et le liquide de lavage broncho-alvéolaire au cours du sida, des greffes d'organe et de moelle osseuse?
Auteurs : Blot F1, Mayaud C, Frachon I, Couderc LJ, Stern M, Friard S, Caubarrère ILa responsabilité du cytomégalovirus (CMV) dans la survenue d'une pneumopathie est évoquée au cours de diverses immunodépressions: SIDA, greffe d'organe, greffe de moelle. Les mécanismes mis en jeu dans ces trois situations sont cependant différents ; la part revenant à l'effet cytopathogène du virus, et celle due à la réaction immunitaire de l'hôte, varient considérablement selon l'immunodépression sous-jacente. Ainsi, les critères permettant de distinguer infection à CMV (présence du virus ou d'anticorps anti-CMV, sans retentissement clinique) et maladie à CMV (signes généraux ou pathologie d'organe résultant de la pathogénicité du CMV répliquant) restent souvent imprécis. Cette revue de la littérature a donc pour but de préciser, à la lumière des mécanismes immuno-virologiques impliqués, les critères diagnostiques (donc thérapeutiques) des pneumopathies à CMV : du SIDA à l'allogreffe de moelle, en passant par les transplantations d'organes, il existe une graduation, tant en ce qui concerne l'intensité de la réaction immunitaire impliquée au cours de la pneumopathie, que la nécessité et l'urgence des traitements antiviraux. cours du SIDA, la survenue d'une pneumopathie interstitielle, associée à l'isolement du CMV (quel qu'en soit le site, sang ou LBA, et la technique d'isolement), n'impose le plus souvent pas de traitement ; dans de rares cas cependant (immunodépression avancée, réplication virale élevée, atteinte endothéliale), ou en cas de localisation viscérale extra-pulmonaire associée, un traitement se justifie. Au cours des greffes d'organes, de simples témoins d'infection à CMV (isolement du CMV ou arguments sérologiques) ne justifient pas de traitement ; en revanche, la mise en évidence du CMV sur le LBA ou le sang, associée à des signes cliniques ou radiologiques, autorise à instaurer un traitement anti-viral. Dans le cas de la greffe pulmonaire plus que pour tout autre organe, le traitement doit être précoce devant toute symptomatologie respiratoire avec isolement de CMV. Enfin, lors des allogreffes de moelle, le nombre très élevé d'échecs dès lors que la pneumopathie est installée conduit à commencer le traitement antiviral dès la mise en évidence du CMV. Les attitudes proposées ici relèvent d'un certain rationnel mais restent discutées ; seuls des essais cliniques contrôlés permettront de proposer une attitude rigoureuse et cohérente. Enfin, dans chacun des cadres examinés, la recherche de la pneumopathie à CMV ne doit pas faire occulter les autres localisations viscérales possibles du virus : rétinite, atteintes digestives....



