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Auteurs : Van der Linden P1La pression osmotique liée à la présence des protéines dans le plasma, appelée pression colloïdo-osmotique (PCO) ou oncotique, est une des quatre forces régissant les échanges liquidiens de part et d'autre de l'endothélium capillaire. Différentes formules ont été proposées pour le calcul de la PCO à partir des concentrations plasmatiques d'albumine ou de protéines totales ; mais ces calculs perdent toute précision lorsque la composition des protéines est altérée ou lorsque des colloïdes artificiels sont utilisés. Il est donc préférable de mesurer la PCO directement. L'homme normal, en position debout, avec une protidémie de 7 g.dL-1, a une PCO d'environ 25 mmHg. Celle-ci varie avec l'âge et la position, la pression artérielle et le pH. L'interprétation de la valeur de la PCO doit tenir compte, d'une part de la présence éventuelle d'altérations des autres facteurs qui interviennent dans la relation de Starling et, d'autre part, des différences structurelles et fonctionnelles existant entre la circulation pulmonaire et la circulation systémique. Lorsque la perméabilité capillaire n'est pas altérée, la baisse de la PCO entraîne une augmentation de la filtration de liquide dans l'interstitium. Il en résulte la formation d'oedème surtout au niveau des organes comme le muscle, la peau, le tissu sous-cutané, l'intestin et le cœur. L'accumulation d'eau est moins importante au niveau des poumons, grâce à un drainage lymphatique très efficace et à une concentration élevée de protéines dans l'interstitium. Dans ces conditions, le facteur déterminant de la formation d'oedème pulmonaire est la pression hydrostatique, estimée par la pression capillaire pulmonaire bloquée. Lorsque la perméabilité capillaire est altérée, l'influence de la PCO sur la genèse d'un œdème interstitiel est encore réduite, étant donné la diminution du coefficient de réflexion. Différents travaux ont ainsi montré que le développement d'oedème au niveau de tissus lésés, pulmonaire ou autre, ne semble pas influencé par des modifications de la PCO plasmatique. Lors de l'administration de grandes quantités de liquide chez le patient en état critique, la mesure de la PCO est utile, afin d'évaluer le risque de développement d'un œdème périphérique, et constitue un complément à la mesure de la pression capillaire, afin d'évaluer le risque d'oedème pulmonaire. Elle permet donc un meilleur choix et une meilleure utilisation des différentes solutions intraveineuses. En routine clinique, la mesure de la PCO peut donc faire espérer une diminution des coûts associés à l'utilisation abusive de solutions d'albumine.