Utilisation des antidepresseurs dans les troubles du sommeil : considerations pratiques.
Auteurs : Touchon J1On a souvent tendance à limiter les troubles du sommeil à l'insomnie et les possibilités thérapeutiques à la prescription d'un hypnotique. Pourtant, l'utilisation d'autres types de psychotropes, plus précisément les antidépresseurs, se justifie très souvent non seulement dans l'insomnie mais aussi dans certaines hypersomnies, parasomnies et dysomnies liées à des affections organiques. Dans certaines conditions toutefois, un antidépresseur peut induire ou aggraver un trouble du sommeil. C'est le cas de certaines molécules psychostimulantes inductrices parfois d'insomnies. C'est le cas aussi des tricycliques qui peuvent aggraver et même faire apparaître un syndrome d'impatience des membres inférieurs associé souvent à un syndrome de secousses périodiques des membres inférieurs. Par contre, les antidépresseurs représentent un traitement possible de certains troubles du sommeil : - l'insomnie dépressive est bien sûr l'indication « première » des antidépresseurs. De plus, certains sont doués d'une action sédative à l'origine d'un effet de type hypnogène se manifestant bien avant l'action antidépressive ; - les autres insomnies peuvent aussi souvent être abordées sur le plan thérapeutique par des antidépresseurs, non pas l'insomnie aiguë réactionnelle où l'efficacité des hypnotiques est particulièrement remarquable, mais l'insomnie chronique. Par ailleurs, tous les antidépresseurs peuvent à terme corriger l'hypersomnie dépressive mais il est logique dans ce cas d'utiliser de préférence les molécules non sédatives. Si certains antidépresseurs tricycliques ont été proposés dans l'hypersomnie par apnées du sommeil, leur intérêt est mineur à côté des traitements mécaniques et chirurgicaux. Par contre, dans la narcolepsie, les antidépresseurs occupent une place importante dans le traitement, en particulier pour corriger les attaques de cataplexie. On utilise depuis déjà longtemps les antidépresseurs dans les parasomnies liées au sommeil lent profond (terreurs nocturnes et somnambulisme), mais les antidépresseurs peuvent aussi être utilisés dans l'énurésie et dans les parasomnies liées au sommeil paradoxal : cauchemars, paralysie du sommeil, troubles du comportement liés au sommeil paradoxal. Enfin, les antidépresseurs et en particulier les antidépresseurs sérotoninergiques sont au centre du traitement médicamenteux de la fibromyalgie.