L 'histoire du mot panique, des concepts d'Attaque de panique et de Trouble Panique est complexe. L'adjectif panique, dérivé du grec, soulignait initialement l'intensité d'une peur non justifiée, individuelle ou collective, analogue à celle attribuée dans la mythologie aux interventions du Dieu Pan. Dans leur sens actuel, les concepts se situent dans le cadre des troubles anxieux, l'Attaque de panique étant un symptôme marqué par une anxiété paroxystique pouvant apparaître dans des cadres pathologiques divers, le Trouble Panique une catégorie nosologique dont le critère diagnostique essentiel est l'existence, avec une fréquence définie, d'Attaques de panique. Le trouble est souvent associé à une agoraphobie considérée alors comme une complication. Il est donc nécessaire d'évoquer, outre l'histoire des termes et des concepts relatifs à la panique, celle des termes angoisse et anxiété (et des mots équivalents en anglais et en allemand, car beaucoup des travaux concernés ont été publiés dans ces langues) ainsi que celle de l'agoraphobie. L'histoire du mot panique est partiellement distincte de celle des concepts psychiatriques qu'il qualifie aujourd'hui. Les sens courants du substantif, de l'adjectif, et actuellement du verbe dérivé (paniquer) diffèrent partiellement de ceux du vocabulaire technique. Dans celui-ci, le substantif désigne, d'une part, un comportement anormal collectif dont les mécanismes sont étudiés par la psychopathologie sociale, spécialement, mais non uniquement en milieu militaire. Il a d'autre part, été employé jusqu'à récemment, mais uniquement dans la psychiatrie de langue anglaise, pour désigner des états aigus individuels d'angoisse intense, éventuellement associés à d'autres symptômes, et considérés comme relevant, contrairement à l'Attaque de panique au sens actuel, d'affections psychiatriques diverses (panique mélancolique, panique homosexuelle). Une description d'états identiques à l'Attaque de panique actuelle dans ses caractéristiques, y compris l'association à l'agoraphobie, peut être retrouvée dans la littérature du XIXe siècle. Essentiel dans ce cadre est le tableau de la névrose d'angoisse, isolé en 1895 par Freud de celui de la neurasthénie, et caractérisé par l'association d'un état anxieux modéré persistant et d'attaques d'angoisse, ces dernières correspondant en tous points à l'Attaque de panique actuelle. Sous l'influence des travaux de Klein, à partir de 1962, montrant l'existence d'une réactivité différente à la pharmacothérapie des 2 composantes de la névrose d'angoisse, celle-ci a été décomposée en 2 catégories distinctes. La dénomination « attaques de panique » a été attribuée, pour des raisons qui seront précisées, aux attaques aiguës d'angoisse, celle de Trouble Anxieux Généralisé à l'état d'anxiété permanente modérée, considéré comme un trouble complètement indépendant. Cette conception et le vocabulaire ont été adoptés initialement aux États- Unis par les RDC (1975) puis par le DSM III (1980) et, sur le plan international par la CIM 10 (1993). Elle est aujourd'hui généralement incontestée, et a été à l'origine d'un nombre considérable de recherches sémiologiques, nosologiques, épidémiologiques, étio-pathogéniques et thérapeutiques qui sortent du cadre de l'exposé.