Pharmacovigilance de l'automédication.
Auteurs : Montastruc JL1, Bagheri H, Geraud T, Lapeyre-Mestre ML'automédication consiste à se procurer et à consommer un (ou plusieurs) médicament(s) sans l'intervention d'un médecin ni pour le diagnostic, ni pour la prescription, ni pour la surveillance du traitement. Elle représenterait 5 à 10 pour cent des achats pharmaceutiques en France. Les données de pharmacovigilance de l'automédication s'avèrent très peu nombreuses. Nous avons étudié les effets indésirables (EI) survenus après automédication et déclarés au Centre Midi-Pyrénées de Pharmacovigilance entre janvier 1993 et juin 1996. Durant cette période de 3.5 ans, nous avons retrouvé 65 déclarations d'EI concernant 58 pour cent de femmes, soit environ 2 pour cent des observations déclarées chaque année au Centre de Toulouse. L'âge moyen est de 42 ans (extrêmes de 1 mois à 83 ans). Les El touchent le plus souvent le système nerveux (32 pour cent et principalement céphalées, vertiges, agitations.. ), la peau (18 pour cent, surtout allergies), le foie et les voies biliaires (10 pour cent, surtout des hépatites), le tube digestif (7 pour cent, diarrhées...). Nous avons relevé 10 chocs anaphylactiques et/ou oedèmes de Quincke. Les médicaments imputés correspondent le plus souvent aux antalgiques et anti-inflammatoires non stéroïdiens (47 fois), à des neuropsychotropes(7 fois), des produits dermatologiques (6 fois) ou ORL, (6 fois)... La prévalence des effets 'graves' a été de 40 pour cent dont 3 décès pour une 'sévérité' retrouvée dans 77 pour cent des cas. Ainsi, les EI de l'automédication paraissent relativement fréquents et souvent graves. Ils touchent plus souvent la fournie que l'homme, préférentiellement avec les antalgiques et les anti-inflammatoires. Ces données doivent permettre une réflexion sur le rapport bénéfice/risque de cette modalité de traitement. La surveillance de pharmacovigilance des médicaments d'automédication doit se développer.