Une masse cervicale de diagnostic souvent erroné: le chémodectome carotidien.
Auteurs : Defraigne JO1, Antoine PH, Sakalihasan N, Thiry A, Limet RDe 1983 à 1995, 9 patients porteurs d'un chémodectonie carotidien ont été opérés dans le Service de Chirurugie cardio-vasculaire du CHU de Liège. Les chémolectomes carotidiens sont des paragangliomes développés aux dépens du glomus carotidien, structure chémoréceptrice située dans l'adventice de la bifurcation carotidienne. Ces tumeurs présentent une incidence familiale nette (10%) et sont parfois bilatérales. Elles surviennent surtout dans la cinquantaine et la soixantaine, sans prédominance de sexe. Sur le plan clinique, elles se présentent comme des masses de la région cervicale antéro-latérale, le plus souvent asymptomatiques. Ces tumeurs ont une croissance lente mais elles tendent à envahir les structures voisines (vaisseaux carotidiens et nerfs crâniensà. Des symptômes liés à l'atteinte des nerfs crâniens (vague, hypoglosse, glosso-pharyngien) sont parfois notés sous la forme du dysphagie ou de raucité. Ces tumeurs sont fortement vascularisées et tirent leurs apports sanguins des vasa vasorum et des branches de la carotide externe. Elles peuvent donner naissance à des métastases locales (ganglionnaires) et distantes (osseuses principalement), ce qui constitue le seul critère de malignité, l'histologie n'étant pas discriminante. L'artériographie carotidienne bilatérale fournit le diagnostic dans près de 100 % des cas en montrant, à la phase capillaire, une tumeur très vascularisée et qui élargit bifurcation carotidienne. Le traitement est essentiellement chirurgical et doit être réalisé au stade précoce d'évolution pour prévenir les complications liées à la croissance tumorale et celles résultant de l'intervention. La chirurgie peut être précédée d'une embolisation en vue de réduire les pertes hémorragiques opératoires dues à la vascularisation importante de la tumeur. La radiothérapie vient en complément du traitement chirurgical en cas de métastases ganglionnaires, de récidive après chirurgie ou de résection incomplète. Des récidives tardives (parfois plusieurs années après la résection initiale) sont observées dans environ 5% des cas et ces patients doivent faire l'objet d'un suivi attentif.