Données récentes sur le rôle de la protéine APC dans la genèse du cancer colorectal
Auteurs : Bonneton C1, Larue L, Thiery JPDes mutations du gène adenomatous polyposis coli, ou APC, sont présentes au cours de la polypose adénomateuse familiale (FAP ou familial adenomatous polyposis) et des tumeurs sporadiques colorectales. Dans le premier cas, les mutations initiales sont germinales, elles sont somatiques dans le second. Dans les deux cas, la protéine est généralement tronquée dans sa partie carboxyterminale. La protéine sauvage a fait l'objet de nombreux travaux grâce auxquels on commence à comprendre comment sa mutation peut être à l'origine de la formation des adénomes et de leur évolution en carcinomes. Il a été montré, en particulier, que l'APC sauvage pouvait agir sur le cycle cellulaire, et également se lier à la β-caténine et aux microtubules. En présence d'une APC tronquée, la multiplication cellulaire n'est plus contrôlée et les cellules perdent leur faculté d'entrer en apoptose. Par sa liaison avec la β-caténine, l'APC, lorsqu'elle est modifiée, est susceptible de changer l'équilibre entre les constituants des contacts intercellulaires et d'altérer les liaisons cellule-cellule dont le rôle est important au cours de la migration des cellules intestinales de la base de la villosité vers l'apex. L'APC peut, par ailleurs, interférer dans la signalisation cellulaire modulée par la β-caténine. Enfin, du fait de la colocalisation de l'APC et des microtubules, la mutation de l'APC peut perturber la migration cellulaire qui intervient le long de la villosité au fur et à mesure que la cellule se différencie. Grâce à des modèles animaux de cancers colorectaux (mutants murins) et à l'établissement de lignées de cellules du côlon, normales ou malignes, l'étude des propriétés physiologiques et biochimiques de l'APC a pu se développer et confirmer son rôle putatif dans la genèse du cancer colorectal. En outre, ces modèles expérimentaux ont permis le développement d'une stratégie thérapeutique.