Impact de l'athéromatose carotidienne sur l'état neurologique en post-revascularisation myocardique.
Auteurs : Cartier R1, Hamani I, Leclerc Y, Hébert YLe traitement de la maladie carotidienne asymptomatique demeure controversée chez le patient qui doit subir une chirurgie de revascularisation coronarienne. Nous avons révisé rétrospectivement l'influence de la maladie carotidienne extracrânienne sur le devenir neurologique auprès de 501 patients consécutifs soumis à une revascularisation myocardique à l'Institut de Cardiologie de Montréal au cours de la période s'échelonnant de janvier à décembre 1994. On comptait 381 hommes et 114 femmes dont l'âge moyen était de 62 ± 9 ans. Les facteurs de risque de maladie cardiovasculaire les plus souvent rencontrés étaient l'hypertension artérielle (35 %) et le tabagisme (48%). De ce groupe, 59 patients présentaient des signes stetacoustiques d'athéromatose carotidienne dont 21 étaient porteurs au Duplex carotidien d'une sténose sévère (> 80% de diminution de surface). La durée moyenne de la circulation extra-corporelle (CEC) a été de 76 ± 31 minutes au cours de la chirurgie et la pression artérielle moyenne (PAm) per-CEC de 70 ± 11 mmHg. L'usage d'inotropes a été nécessaire dans prés de 26% des cas et le dosage artériel moyen des lactates, per-CEC, de 3.07 ± 1.35 mM/L. Au cours de la période post-opératoire, 13 patients (2,5%) ont présenté une atteinte neurologique dont 5 (1%) de type latéralisé. De ce nombre, 8 ont récupéré alors que 3 des 5 autres patients qui présentaient une atteinte permanente sont décédés au cours de la même hospitalisation. Aucun des patients qui présentaient en pré-opératoire des stigmates de maladie carotidienne n'a présenté de déficit neurologique latéralisé en post-opératoire. L'analyse de régression multivariée a permis d'identifier l'usage de vasopresseurs et l'augmentation des lactates artériels per-opératoires comme facteurs prédisposant à un événement neurologique. A la lumière de ces résultats, nous concluons que l'incidence de complications neurologiques a été faible dans notre population. La présence d'athéromatose carotidienne n'a pas augmenté le risque d'accidents cérébrovasculaires post-opératoires latéralisés, toutefois l'incidence accrue de complications neurologiques associées à une augmentation des lactates artériels per-opératoires et à l'usage d'inotropes suggère une certaine souffrance cellulaire chez ces patients. A la lumière de ces résultats. la chirurgie carotidienne prophylactique ne nous apparaît pas indiquée au cours de la chirurgie coronarienne.