Résultats à long terme du traitement des cancers de vessie inopérables par cisplatine et irradiation concomitante: facteurs pronostiques du contrôle local et de la survie.
Auteurs : Chauvet B1, Félix-Faure C, Davin JL, Choquenet C, Alfonsi M, Reboul FBut de l'étude : Les indications thérapeutiques des cancers de vessie évoluent. Un essai européen récent a montré que la chimiothérapie néoadjuvante n'améliorait pas les chances de guérison. Un autre essai, canadien, a montré que l'adjonction de cisplatine concomitant à l'irradiation améliorait le contrôle local et permettait un traitement conservateur curatif chez certains patients. L'identification par des facteurs pronostiques des patients qui peuvent bénéficier de ces traitements conservateurs devient donc essentielle. Matériel et méthodes: Cent neuf patients atteints d'un cancer infiltrant de vessie et ne pouvant avoir ou refusant la cystectomie ont été traités par irradiation et cisplatine concomitant. L'âge moyen était de 71 ans. La tumeur dépassait la séreuse dans 36 % des cas (T3b-4), et n'avait pu être réséquée complètement que chez 37 % des patients. Le traitement a comporté une radiothérapie pelvienne de 40 à 45 Gy suivie d'un complément d'irradiation vésicale jusqu'à une dose totale de 55 à 60 Gy. Une chimiothérapie par 20 à 25 mg/m2/j de cisplatine pendant 5 jours en perfusion continue était associée à la deuxième et la cinquième semaines. Résultats: Le recul médian était de 73 mois et le suivi médian de 64 mois. Le taux de contrôle local actuariel à 5 ans a été de 43 % pour l'ensemble des patients, 55 % pour 86 patients dont la tumeur était en rémission complète à l'issue du traitement initial, parmi lesquels dix avaient eu un traitement de rattrapage immédiatement après radiothérapie. Le taux de survie actuarielle à 5 ans était de 36 % pour les 109 patients et de 44 % pour les patients dont la tumeur a complètement répondu au traitement. Une analyse uni-et multifactorielle des facteurs pronostiques du contrôle local et de la survie a été faite. Le contrôle local était significativement meilleur chez les patients en bon état général, avec une tumeur ne dépassant pas la paroi vésicale (T2-3a), sans distension urétérale. Quatre facteurs ont influencé significativement la survie : l'état général, le stade, l'absence d'hydronéphrose et la régression complète après radiothérapie. En analyse multifactorielle, seuls l'état général, la distension urétérale et le stade ont eu une influence significative sur le contrôle local; le stade et la réponse complète étaient les seuls paramètres qui ont influencé la survie. Conclusion: L'association cisplatine-radiothérapie permet d'obtenir un contrôle local des cancers infiltrants de vessie chez 43 % des patients inopérables. Le stade, l'hydronéphrose et l'état général ont une influence pronostique, mais n'apparaissent pas suffisamment discriminants pour aider individuellement à la décision thérapeutique d'un traitement conservateur.