Pharmacocinétique de l'irinotecan.
Auteurs : Chabot GG1, Robert J, Lokiec F, Canal PL'irinotecan (CPT11) suit une cinétique bi- ou tri-compartimentale caractérisée par une derni-vie terminale d'environ 12 h. un volume de distribution à l'équilibre de 168 l/m2 et une clairance corporelle totale de 151/m2/h. Il est lié à 65 % aux protéines plasmatiques. Les aires sous la courbe (ASC) des concentrations plasmatiques en fonction du temps de l'irinotecan et de son métabolite actif, le SN38, augmentent de façon proportionnelle à la dose administrée, démontrant la linéarité de la pharmacocinétique, malgré une variabilité individuelle élevée. Les concentrations plasmatiques du SN38 sont environ 100 fois moindres que celles de l'irinotecan, mais ces concentrations sont biologiquement importantes car ce métabolite est 100 à 1 000 fois plus actif que la substance-mère. Le SN38 est lié à 95% aux protéines plasmatiques. La décroissance de ses concentrations plasmatiques suit de près la décroissance de la substance-mère. Il est biotransformé au niveau hépatique en plusieurs métabolites, dont le SN38, qui est produit par l'hydrolyse du groupement bipipéridinocarbonyl de l'irinotecan par une carboxylestérase. Le SN38 est ensuite glucuroconjugué par une UDP-glucuronosyl-transterase isoforme 1.1. Un métabolite récemment identifié est le 7-éthyl-10-[4-N-(acid 5-aminopentanoïque)-1-piperidino]-carbonyloxy-camptothécine (APC), produit à partir de l'irinotecan par action du cytochrome P450 3A4. Plusieurs autres métabolites non encore identifiés sont trouvés dans la bile et l'urine. L'élimination urinaire de l'irinotecan représente environ 17 à 25% de la dose administrée, tandis que le SN38 et son glucuronide sont Faiblement éliminés par cette voie (respectivement 0,5% et 6%). La pharmacocinétique de l'irinotecan et du SN38 ne varie pas en fonction de la répétition des cycles de traitement, Leurs ASC sont significativement corrélées avec la leuco-neutropénie et, dans quelques études, avec l'intensité de la diarrhée. Il existe une diminution de la clairance de l'irinotecan chez les patients ayant une augmentation du taux plasmatique de bilirubine. Puisque les réponses tumorales sont surtout obtenues après l'administration de doses élevées, il semble qu'une relation dose-effet existe pour cette molécule, Ces relations entre pharmacocinétique et pharmacodynamie sont potentiellement utiles pour améliorer l'utilisation clinique de cette molécule, afin de tenter de maîtriser les effets secondaires et d'augmenter l'action antitumorale.