On regarde pour voir, mais aussi pour penser, toucher, sentir, éprouver, désirer. À la puberté, le regard se charge d’émotions qui peuvent déborder l’adolescent. Il ne maîtrise pas l’effet que produit son image sur celui qui le regarde. Son corps qui se transforme est aliéné par le regard de l’autre, il doute de son image, et son narcissisme est mis à rude épreuve. C’est un temps de remaniement du narcissisme qui est un enjeu majeur à l’adolescence, pour soutenir une unité psychique et corporelle menacée et troublée. S’il se sent menacé par le regard de l’autre qui atteint son intégrité narcissique, l’adolescent peut réagir violemment. La révolte adolescente s’impose souvent comme une forme de restauration d’un narcissisme écorché. L’adolescent doit faire un choix entre rester dans l’idéal tout-puissant narcissique, ou trouver sa voie vers la subjectivation. La rencontre avec un psychanalyste peut être l’occasion pour lui de diriger son regard vers son intériorité, et de devenir l’auteur de son histoire.