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« J’ai pensé qu’il fallait étudier les aliénés » : l’œuvre de Charles Darwin et la médecine mentale

Auteurs : Marcaggi G1, Guénolé F2
Affiliations : 1Clinique du bocage, 2, route d’Avesnes, 59720 Louvroil, France2Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU de Caen, 14, avenue Clemenceau, 14033 Caen cedex 9, France
Date 2018 Octobre, Vol 83, Num 4, pp 579-598Revue : L'Évolution psychiatriqueType de publication : article de périodique; DOI : 10.1016/j.evopsy.2018.02.005
Article original
Résumé

ObjectifsContribuer à situer le « point de vue évolutionniste » en psychopathologie et en psychiatrie, l’histoire de l’influence de la théorie l’évolution de Charles Darwin (1809–1882) dans ces domaines étant trouble et source de malentendus.MéthodeNous proposons un essai historique sur les rapports entre Charles Darwin, son oeuvre et la psychiatrie et la psychopathologie, en nous inspirant sur le plan méthodologique des règles historiographiques de vérification et de contextualisation préconisées par Henri Ellenberger et du « cubisme historique » de Sonu Shamdasani.RésultatsDarwin fut lui-même très inspiré par les écrits des psychiatres britanniques de son temps et en contact direct avec certains d’entre eux, comme James Crichton-Browne (1840–1938), avec qui il entretint une correspondance soutenue et cruciale pour son travail sur l’expression des émotions. Cependant, du milieu du XIXe siècle au début de la première guerre mondiale, la psychiatrie européenne fut surtout influencée par la théorie de la dégénérescence, puis dans une moindre mesure par l’évolutionnisme anthropologique d’Herbert Spencer (1820–1903) et le mouvement eugéniste. On trouvera ensuite chez certains des fondateurs de la psychopathologie moderne la marque d’une pensée évolutionniste, à commencer par Sigmund Freud (1856–1939) qui, en compagnie de Sándor Ferenczi (1873–1933), appliqua aux troubles mentaux des hypothèses empreintes, surtout du lamarckisme psychologique d’August Pauly (1850–1914) et du récapitulationnisme d’Ernst Haeckel (1834–1919). Plus récemment, John Bowlby (1907–1990) fut le précurseur, à travers la théorie de l’attachement, d’une psychopathologie néodarwinienne.DiscussionMalgré les apparences, la théorie de la dégénescence, le spencérisme et l’eugénisme comportèrent des divergences notables avec la pensée de Darwin, en particulier l’absence de prise en compte du mécanisme de la sélection naturelle dans toute sa complexité. Plus sophistiqué, l’évolutionnisme de Freud et Ferenczi reposait sur des principes biologiques bientôt battus en brèche par les découvertes scientifiques de l’entre-deux-guerres. Les continuateurs de Bowlby enfin, dont la tendancieuse sociobiologie, perdirent de vue la question de l’évolution biologique pré-humaine.ConclusionFinalement, la voie reste ouverte de nos jours pour une approche raisonnablement darwinienne des émotions de l’Homme et de leurs vicissitudes.

Mot-clés auteurs
Dégénérescence; Eugénisme; Phylogenèse; Expression de l’émotion; Histoire de la psychiatrie; Histoire de la psychanalyse; Neurosciences;

Des descripteurs MeSH seront prochainement assignés à cet article.

 Source : Elsevier-Masson
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Marcaggi G, Guénolé F. « J’ai pensé qu’il fallait étudier les aliénés » : l’œuvre de Charles Darwin et la médecine mentale. L'Évolution psychiatrique. 2018 Oct;83(4):579-598.
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Dernière date de mise à jour : 23/10/2018.


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