ObjectifDepuis les années 2000, en France, les politiques de « santé mentale » s’appuient sur des données probantes. Concernant les psychothérapies, l’expertise de l’Inserm, publiée en 2004 et concluant à l’absence de preuve d’efficacité pour la psychanalyse, reste une référence importante. L’objectif de cet article est d’en réinterroger la valeur scientifique, quinze ans après.MéthodeAprès avoir fait retour au contexte de rédaction du rapport et aux controverses ayant entouré sa publication, nous proposons une revue des études d’efficacité ayant depuis évalué la psychanalyse. Cette littérature récente, principalement internationale, reste assez méconnue en France.RésultatsLe rapport d’expertise de l’Inserm, pour part recevable à sa parution, apparaît aujourd’hui relativement daté, tant au plan méthodologique que dans ses conclusions. Les plus récentes études d’efficacité démontrent en effet que les thérapies psychanalytiques et cognitivo-comportementales ne présentent pas de différences notables d’efficacité, pour la quasi-totalité des troubles connus.DiscussionCes résultats donnent lieu à débat. Une partie des scientifiques croit qu’ils sont l’effet d’un manque de rigueur dans les protocoles expérimentaux. D’autres soutiennent au contraire que la recherche desfacteursspécifiquesde l’efficacité est une impasse, et promeuvent des études en conditions naturelles pour apprécier lesfacteurscontextuelscumulésde l’efficience thérapeutique.ConclusionsSans préjuger des orientations et résultats futurs de la recherche, il apparaît néanmoins que le rapport d’expertise de l’Inserm ne peut plus être aujourd’hui la référence dominante, en France, pour recommander les « bonnes pratiques » psychothérapiques. Au vu de la littérature scientifique aujourd’hui disponible, la psychanalyse est une offre de soin à préconiserparmi d’autres – position à laquelle souscrivent les systèmes de santé de nombreux pays.