IntroductionLe paradigme en potentiel évoqué cognitif (PE) le plus utilisé actuellement chez les comateux (odd ball/Mismatch Negativity), bien que pertinent pour le pronostic de réveil, ne préjuge pas des séquelles neuropsychologiques.ObservationsNotre projet vise à créer un nouveau paradigme en PE permettant d’explorer chez les patients comateux, la fonctionnalité d’un réseau neuronal associé au langage. Sa préservation pourrait être corrélée à un faible niveau de handicap cognitif séquellaire au décours du coma. La N400 est un potentiel évoqué cognitif signant la détection d’un mot incongruent par rapport à son contexte. Différents travaux ont démontré que sa survenue ne dépendait pas de mécanismes stratégiques. La N400 pourrait donc être recherchée chez les patients comateux. Pour cela, nous avons élaboré un paradigme utilisant en modalité auditive des paires de mots avec lien associatif (lion-tigre) ou non (tigre-bateau). Chez le groupe contrôle, l’amplitude des potentiels évoqués par le deuxième mot de la paire comparativement au premier était significativement réduite (p < 0,0004), ce que nous avons appelé « effet de répétition non spécifique du mot » (ERNS). Individuellement, une N400 et/ou une P600 (possiblement en rapport avec un mécanisme de détection consciente) ont pu être mises en évidence chez 14/18 témoins.Chez le groupe des patients comateux, aucun ERNS n’a été mis en évidence. Individuellement, une onde « N400-like » a pu être enregistrée que chez seulement 2/17 patients.DiscussionLa compréhension du langage est un élément clé de qualité de vie chez un patient cérébrolésé. En l’absence de conscience, la représentation mentale du premier mot de la paire est rapidement évanescente. L’intervalle de temps critique entre les deux mots de la paire pourrait être variable selon l’état des patients. L’ERNS pourrait servir comme marqueur d’un effet de contextualisation du deuxième mot, préalable à une éventuelle N400.ConclusionLes PE permettent d’explorer, au lit du malade et de manière peu onéreuse, certaines capacités cognitives résiduelles chez les patients dans le coma dont la préservation serait associée à un meilleur pronostic fonctionnel.