IntroductionL’alexie asémantique est une lecture normale sans accès au sens, par dysfonctionnement de la voie lexico-sémantique. Surtout décrite dans les pathologies dégénératives, elle peut être d’origine vasculaire.ObservationN° dossier 06-00179 Une femme de 85 ans, droitière, présenta une hémiplégie droite rapidement résolutive et des troubles du langage persistants. On notait des antécédents d’hypertension artérielle, d’obésité et 2 accidents ischémiques transitoires carotidiens gauches mais pas de troubles cognitifs antérieurs chez cette patiente autonome, ancien professeur de secrétariat pratiquant la sténodactylo. L’IRM cérébrale objectivait une ischémie sylvienne antérieure gauche, une leucoaraïose modérée et une atrophie du pôle temporal gauche. Le bilan étiologique révéla une fibrillation auriculaire nécessitant l’anticoagulation. Le bilan orthophonique initial montrait une aphasie globale massive (dénomination impossible, compréhension orale 1/11 et écrite 2/11) et une apraxie bucco-faciale. Seule la lecture était possible (9/13) mais restait sans compréhension. À onze mois le discours restait réduit avec un manque du mot majeur (dénomination 43/99) et des paraphasies, mais la compréhension écrite (7/13) et la répétition (26/33) étaient meilleures. Le trouble du langage évoluait vers une aphasie transcorticale sensorielle associée à une lecture (165/165) asémantique. L’évaluation neuropsychologique ne mettait pas en évidence de troubles cognitifs plus diffus.DiscussionL’existence d’une atrophie temporale gauche suggère la possibilité d’une pathologie dégénérative révélée par un accident vasculaire cérébral (AVC). La localisation de cet AVC pourrait rendre compte des troubles du langage oral mais semble difficilement expliquer l’alexie asémantique. La récupération partielle à onze mois sur le plan oral confirme cependant la part vasculaire de ce déficit.ConclusionL’alexie asémantique est un trouble du langage écrit rarement rapporté. Il paraît indispensable de rechercher des troubles de lecture devant toute aphasie, afin de ne pas mésestimer d’éventuelles capacités résiduelles.