IntroductionNous rapportons le cas d’un patient qui consulte aux urgences pour des paresthésies des extrémités révélant une carence en vitamine B12 par toxicité chronique du Protoxyde d’Azote inhalé.ObservationMonsieur T âgé de 25 ans, présente dans ses antécédents une infection à Chlamydia en 2018 traitée. Il consomme depuis environ 5 mois, 50 à 200 capsules de protoxyde d’azote quotidiennement. Il consulte aux urgences pour des paresthésies associées à une impotence fonctionnelle des extrémités avec sensation de fièvre et de sueurs. L’examen neurologique est normal ainsi que l’IRM cérébrale et médullaire. Vu la forte consommation de protoxyde d’azote, une polyneuropathie carentielle en vitamine B12 favorisée par l’inhalation de ce gaz est évoquée. Le bilan biologique objective une macrocytose, un taux de la vitamine B12 abaissée à 195 ng/l, une augmentation de l’homocystéine totale et une discrète augmentation de l’acide méthylmalonique compatible avec une carence fonctionnelle en vitamine B12. Le bilan auto-immun avec dosage des anticorps anti cellules pariétales de l’estomac, anticorps anti facteur intrinsèque et anticorps anti endomysium de classe IgA est négatif et la ponction lombaire normale. Les sérologies infectieuses sont négatives. Un traitement par Vitamine B12 par voie orale est introduit entraînant une amélioration clinique progressive des symptômes en quelques semaines.DiscussionLe protoxyde d’azote (N2O), communément appelé « gaz hilarant » ou « proto », est un agent anesthésique largement utilisé en médecine. Il peut cependant être utilisé à usage récréatif. Une consommation répétée peut engendrer une sclérose combinée de la moelle et des neuropathies périphériques handicapantes du fait des conséquences délétères du N2O sur le métabolisme de la vitamine B12.ConclusionL’usage du « PROTO » dans un but récréatif se banalise. L’interaction de ce gaz avec le métabolisme de la vitamine B12 peut causer des manifestations neurologiques graves parfois irréversibles.