IntroductionLe recueil et l’analyse des ordonnances suspectes de falsification présentées en pharmacie contribuent à la mesure du potentiel d’abus des médicaments soumis à prescription médicale[1]. L’objectif de ce travail était d’analyser les ordonnances suspectes enregistrées dans l’enquête OSIAP (ordonnances suspectes indicateur d’abus possible) 2019.MéthodesLes ordonnances enregistrées dans la base de données OSIAP au cours de l’année 2019 ont été décrites à partir des données relatives au demandeur (âge, sexe, connu ou non), à l’ordonnance (type d’ordonnance, critères de suspicion) et aux mentions de médicaments (nom, classification ATC–anatomique, thérapeutique, chimique–, posologie, taux de citation). Le taux de citation a été calculé en rapportant le nombre de citations d’un médicament au total des ordonnances analysées.RésultatsEn 2019, 1911 ordonnances et 3572 citations ont été enregistrées dans l’enquête OSIAP. Les demandeurs, plus souvent des hommes, étaient âgés en moyenne de 35 ans. Les ordonnances étaient majoritairement simples. Le médicament le plus cité était la prégabaline avec 446 citations et un taux de citation de 23,3 %. Il était suivi des spécialités antitussives contenant de la codéine (n = 375, 19,6 %), du paracétamol (n = 287), du tramadol (n = 213, dont 56 en association au paracétamol) et de la codéine en association (n = 183). Le zolpidem, en perte de vitesse, était cité 134 fois. Les citations de fentanyl ont plus que doublé entre 2018 et 2019, faisant passer ce médicament du 21eau 13erang des médicaments les plus cités (n = 58, 2,9 %). Enfin, le taux de citation du tropicamide a fortement diminué (n = 33, 1,7 %), très probablement impacté par l’entrée en vigueur en janvier 2019 des restrictions des conditions de prescription et de délivrance des conditionnements en flacons de 10 mL.DiscussionAprès le nombre record d’ordonnances suspectes enregistrées en 2018, plus de 1 900 OSIAP ont à nouveau été collectées en 2019, traduisant le succès de cette enquête. Les évolutions observées cette année doivent être interprétées au regard des différentes mesures règlementaires mises en place ces dernières années. La montée en puissance de la prégabaline observée depuis 2017 se confirme. Nous remercions chaleureusement l’ensemble des pharmaciens pour leur vigilance et leur implication.