IntroductionLa gangrène de Fournier est une fasciite nécrosante polymicrobienne rapidement progressive du périnée, survenant plus fréquemment chez des patients âgés, diabétiques ou immunodéprimés. Nous rapportons le premier cas de gangrène de Fournier compliquant une colite auto immune sous IPILIMUMAB®.ObservationsUn homme de 51 ans était traité par IPILIMUMAB®en 2eligne de chimiothérapie après DETICENE®pour un mélanome acrolentigineux du pied droit, compliqué de métastases ganglionnaires et sous cutanées. À j15 de la 2ecure d’IPILIMUMAB®, il présentait une colite sévère, confirmée par TDM et rectosigmoïdoscopie, et traitée par ROCEPHINE®et FLAGYL pendant 10 jours jusqu’à confirmation de la négativité des différents prélèvements bactériologiques. Les signes digestifs s’amendaient sous corticothérapie à 2 mg/kg/j. À j8 de la rectosigmoïdoscopie et de l’introduction de la corticothérapie et à j3 de l’arrêt des antibiotiques, apparaissait une plage inflammatoire périnéale et nécrotique sous scrotale gauche. Le TDM et les prélèvements bactériologiques confirmaient le diagnostic de gangrène de Fournier à flore polymicrobienne aéro-anaérobie avec atteinte scrotale et périnéale. Un traitement chirurgical en urgence pour débridement des tissus nécrosés, une antibiothérapie probabiliste à large spectre relayée par TAZOCILLINE®et un arrêt de la corticothérapie et de l’IPILIMUMAB®permettaient une évolution favorable, sans séquelle fonctionnelle.DiscussionL’IPILIMUMAB®est un anticorps monoclonal anti-CTLA-4, de plus en plus utilisé pour la prise en charge des mélanomes malins métastatiques. Les troubles gastro-intestinaux sont retrouvés chez 1/3 des patients, dont des colites auto-immunes sévères (grades 3–4) chez 5 % des patients. Ces colites sévères surviennent 5 à 13 semaines après le début du traitement et justifient l’arrêt définitif de l’IPILIMUMAB®et l’administration d’une corticothérapie IV à 2 mg/kg, selon les recommandations de prise en charge. Quelques complications à type de perforations intestinales, de péritonites ou de diverticulites ont été décrites. De rares cas de gangrène de Fourniers compliquant une colite ont jusque là été rapportés chez des patients atteints de maladie de Crohn. Dans notre observation, cette infection sévère a été favorisée par l’immunodépression, la corticothérapie à fortes doses et le geste invasif par rectosigmoïdoscopie, pourtant réalisé sous couverture antibiotiques. Il existe souvent une lourde morbi-mortalité dans les gangrènes des organes génitaux externes, ce qui n’a pas été le cas pour notre patient grâce à une prise en charge médico-chirurgicale rapide.ConclusionNous rapportons le premier cas de gangrène de Fournier compliquant une colite auto-immune sous IPILIMUMAB®.