IntroductionLa calciphylaxie (artériolopathie calcique, AC) est une vasculopathie thrombosante rare responsable d’une calcification des vaisseaux de petit et moyen calibre à l’origine de nécroses cutanées et pouvant mettre en jeu le pronostic vital. Elle touche principalement, mais non exclusivement, l’insuffisant rénal hémodialysé. Sa prise en charge est difficile et comprend le traitement local des ulcères, l’éviction des facteurs déclenchants, la correction des troubles phospho-calciques et/ou la diminution du taux de parathormone (dialyse, parathyroïdectomie, cinacalcet). Récemment, le thiosulfate de sodium (TSS) a montré son efficacité. Il est administré en intraveineux (IV) au long cours. Nous rapportons l’efficacité de TSS en injections intra-lésionnelles (TSS/IL) chez 4 patientes.Matériel et méthodesÉtude prospective ouverte monocentrique ayant inclus 4 patientes hospitalisées avec une AC cutanée prouvée histologiquement.ObservationsQuatre femmes (55–84 ans, âge moyen : 71,5 ans) avec une AC urémique ou non (hyperparathyroïdie Ire, induite par le téraparatide, anticoagulation par AVK) étaient traitées par injections locales de TSS (250 mg/mL, mélangé à de la lidocaïne diluée à 1 :1). Les injections étaient réalisées autour des ulcères, sur les berges actives, initialement 3 fois par semaine, puis espacées. La quantité injectée variait de 1,5 à 6 mL. Un suivi photographique était réalisé.RésultatsLa douleur s’améliorait en moyenne après 2 séries d’injections. La réponse clinique était visible en moyenne après 2 semaines. Deux patients étaient sous TSS IV à l’initiation des injections locales. Deux patients ont cicatrisé durant le traitement. Un 3e a montré une réduction de 50 % de ses ulcères à 8 semaines de traitement. La 4e patiente a bénéficié de 2 séries d’injections à ce jour.DiscussionLe TSS est un agent antioxydant chélateur du calcium et atténue la dysfonction endothéliale prothrombogène induite par le stress oxydatif. Notre étude confirme les résultats prometteurs rapportés par Strazzula et al. en 2013. Le TSS/IL a une bonne efficacité, seul ou en association de la voie IV. La tolérance est bonne, mais les injections sont douloureuses et nécessitent une anesthésie locale avant ou en dilution. Les avantages sont ceux de tout traitement local : action directe ciblée, limitation de la diffusion systémique. Une patiente qui ne tolérait pas les injections IV bénéficiait sans problème du TSS/IL. Le TSS/IL est aussi bien efficace en cas d’AC urémique que non urémique. Enfin, deux de nos patientes étaient « en échec » du traitement IV seul.ConclusionLe TSS/IL semble une alternative intéressante pour prendre en charge les ulcères nécrotiques de l’AC. Des études plus larges sont nécessaires pour mieux préciser les meilleurs candidats à ce traitement et ses modalités d’administration.