IntroductionL’apomorphine est indiquée pour le traitement des fluctuations motrices et des dyskinésies liées à la dopathérapie dans la maladie de Parkinson. Ce traitement est administré en perfusion sous-cutanée en continu. Nous rapportons deux cas de nécroses cutanées aux points d’injection d’apomorphine dont un cas sévère ayant nécessité des détersions chirurgicales itératives.ObservationsObservation 1 : il s’agissait d’un patient de 82 ans, atteint de maladie de Parkinson traité par apomorphine en pompe sous-cutanée. Rapidement après le début des perfusions sont apparus de multiples nodules inflammatoires douloureux aux points d’injection suivis d’ulcérations nécrotiques. Ces lésions récidivaient malgré les changements de site de perfusion, de mode d’administration (deux injections au lieu d’une), et le changement d’aiguille (téflon à la place de l’acier). La biopsie cutanée retrouvait une nécrose dermo-hypodermique avec un infiltrat à polynucléaires neutrophiles altérés, sans vascularite. L’immunofluorescence directe était négative. Le bilan biologique retrouvait un syndrome inflammatoire et une hyperéosinophilie. Il n’y avait pas non plus de signes biologique en faveur d’une vascularite (absence d’auto-anticorps, de consommation du complément, d’anticoagulant circulant ou de cryoglobulinémie). À l’arrêt des perfusions, l’évolution fut lentement favorable après plusieurs détersions chirurgicales et au prix d’une longue hospitalisation. Observation 2 : un homme de 70 ans traité par apomorphine depuis février 2015 présentait des nodules inflammatoires et nécrotiques aux points d’injection sur l’abdomen 3 mois après le début du traitement. Le bilan biologique retrouvait une hyperéosinophilie. L’évolution a été rapidement favorable après arrêt des injections d’apomorphine et soins locaux. Ces deux observations ont été transmises au centre régional de pharmacovigilance.DiscussionL’apomorphine est un agoniste spécifique des récepteurs dopaminergiques. Les principaux effets secondaires sont des troubles psycho-comportementaux modérés (hallucinations). Les effets secondaires cutanés sont fréquents, principalement des nodules inflammatoires douloureux aux points d’injection, mais des nécroses cutanées sévères, comme celles observées chez nos patients, sont rarement décrites. Aucun facteur favorisant n’a été retrouvé. Le mécanisme physiopathologique est inconnu. Les principales hypothèses sont une vasoconstriction par effet dopaminergique, une toxicité directe cutanée ou une mauvaise technique d’injection. Un mécanisme immuno-allergique est parfois évoqué devant la présence d’une hyperéosinophilie sanguine et cutanée.ConclusionLe personnel soignant doit être alerté du risque de nécroses aux points d’injection de la pompe à apomorphine qui sont parfois sévères et nécessitent l’arrêt du traitement.