IntroductionLe Français est souvent considéré comme un râleur. Dans un travail récent, nous avons observé une forte proportion de patients consultant une première fois pour leur psoriasis avec comme motif une insatisfaction quant à leur prise en charge antérieure. Nous avons voulu essayer d’analyser le profil de ces patients « mécontents ».MéthodologieIl s’agissait d’une étude transversale, multicentrique, menée dans 40 centres membres du Groupe d’études multicentriques de Resopso, avec inclusions consécutives pendant 11 mois, en 2014. Tous les patients adultes (âge > 18 ans) consultant pour une première fois dans le centre pour un psoriasis pouvaient être inclus.RésultatsParmi les patients, 1205 ont été inclus ; 249 (20,3 %) consultaient car ils étaient mécontents de leur prise en charge antérieure. En analyse univariée, les patients mécontents étaient plus jeunes (p = 0,02) et avaient un psoriasis qui avait débuté plus tôt (p < 0,0001). Il s’agissait plus souvent de psoriasis en plaques (p = 0,047) et de formes plus sévères de psoriasis (PASI et/ou DLQI >10,p < 0,02). Ils souffraient moins souvent de rhumatisme psoriasique (p = 0,01) et déclaraient plus fréquemment avoir reçu des traitements locaux (p < 0,0001), moins souvent des biothérapies (p = 0,006) ; ils déclaraient aussi avoir une durée de soins plus élevée (p = 0,0005). Ils consultaient à l’hôpital (p = 0,01) et avaient vu plus de médecins généralistes et de dermatologues (p ≤ 0,0008). Il n’y avait pas de relation entre le sexe des patients, leurs comorbidités (métaboliques, hypertension, consommation de tabac et d’alcool, et dépression) ou leurs caractéristiques socioéconomiques et leur insatisfaction. En analyse multivariée, seuls un DLQI > 10 (p = 0,01 ; IC95 : 1,01–1,07) et une durée de soins prolongée (p = 0,004 ; IC95 : 1,23–2,99) étaient associés au mécontentement.ConclusionVingt pour cent des patients psoriasiques semblent insatisfaits de leur prise en charge. Il est difficile de dessiner un profil démographique ou socioéconomique du patient mécontent. Seule la sévérité de la maladie et peut-être l’insuffisance de traitement sont associées, lors d’une première consultation, au mécontentement du patient. Des causes liées aux médecins et aux patients peuvent être proposées. Enfin, si le Français est reconnu comme râleur, les chiffres de mécontentement observés dans notre étude ne semblent pas supérieurs à ceux observés dans d’autres pays.