IntroductionLe valaciclovir, utilisé en routine en prévention des infections herpétiques chez les patients immunodéprimés, est rarement pourvoyeur de toxidermies. Compte tenu de son imputabilité extrinsèque faible, sa possible responsabilité peut être négligée. Nous rapportons deux cas dedrug reaction with eosinophila and systemic symptoms(DRESS) au valaciclovir.ObservationsCas 1 : une femme de 67 ans était suivie pour un syndromeperipheral neuropathy, organomegaly, endocrine dysfunction, monoclonal component, skin changes(POEMS). En avril 2017, à 1 mois d’un traitement par lenalidomide, cotrimoxazole, ésomeprazole et amitriptyline, elle développait un DRESS avec atteinte hépatique (cytolyse 25xN, score Regiscar 6 [certain]). Les 4 médicaments étaient arrêtés et la patiente traitée par dermocorticoïdes pendant 3 mois. Six mois plus tard, des patch-tests (PT) avec les 4 molécules étaient posés. La lecture à 48 h était négative. Le lendemain, elle recevait une première perfusion de daratumumab pour son POEMS, associée à du valaciclovir et de la prégabaline. Le soir même, la patiente notait un prurit des bras. La lecture des PT était négative à 96 h, mais un discret érythème du décolleté était noté. Au 5ejour, la patiente était érythrodermique et fébrile à 39°. Le diagnostic de rechute de DRESS (score 4 [probable]) était posé. Une ordonnance de valaciclovir datant de mars 2017 était alors retrouvée, passée inaperçue lors du premier DRESS car rédigée à part des autres médicaments. La responsabilité du valaciclovir pour les 2 épisodes de DRESS était suspectée. Les PT à l’aciclovir et au valaciclovir réalisés à 6 mois étaient positifs à 2 croix.Cas 2 : une femme de 50 ans était suivie pour une leucémie à tricholeucocytes. À j9 de l’introduction d’un traitement par cladribine, cotrimoxazole, valaciclovir et pénicilline V, elle développait un DRESS (score Regiscar 4 [probable]) traité par dermocorticoïdes. Initialement, seuls le cotrimoxazole et la pénicilline V étaient imputés. Quinze jours plus tard, devant une aggravation clinique, le valaciclovir était arrêté. L’évolution était lentement favorable. Les PT au valaciclovir réalisés à 3 mois étaient positifs à 2 croix.DiscussionDans ces deux cas, la responsabilité du valaciclovir, initialement méconnue (cas 1) ou négligée (cas 2), était confortée par les PT. L’interrogation de la base nationale de pharmacovigilance trouve une trentaine cas de DRESS avec valaciclovir suspect, mais seulement deux où il est le seul suspect, sans notion d’exploration allergologique. De rares cas de toxidermies à l’aciclovir et au valaciclovir sont publiés, mais aucun cas de DRESS. Ces observations doivent retenir l’attention, car le valaciclovir, notamment en hématologie, est souvent associé à des molécules potentiellement plus suspectes (cotrimoxazole, allopurinol…). Enfin, en cas de récidive d’un DRESS, un médicament initialement « oublié » doit être attentivement recherché.ConclusionLa possible responsabilité du valaciclovir dans la survenue d’un DRESS ne doit pas être négligée.