IntroductionLes recommandations pour la prise en charge thérapeutique de l’urticaire chronique spontanée (UCS) ont placé l’omalizumab (OMZ) (biothérapie anti-IgE) en seconde ligne thérapeutique après les antihistaminiques à posologie augmentée. Notre étude rapporte l’expérience en vraie vie de l’utilisation de cette molécule dans le service de dermatologie du CHRU de Lille.Matériel et méthodesIl s’agit d’une étude descriptive, rétrospective et monocentrique réalisée dans le service de Dermatologie du CHRU de Lille. L’évolution dans le temps des paramètres Urticaria Activity Score (UAS7) et Dermatology Life Quality Index (DLQI) a été analysée par le test du Wilcoxon apparié ou le test du Student apparié. Une réponse complète (RC) était définie par un score UAS7 = 0, une réponse partielle (RP) entre 1 et 6 et une absence de réponse (NR) par un UAS7 > 6.RésultatsDu 1erjanvier 2013 au 1ernovembre 2017, 58 patients atteints d’urticaire chronique ont été traités par OMZ dont 26 urticaires inductibles et 32 urticaires chroniques spontanées (UCS). Vingt-huit patients (5 hommes et 23 femmes) atteints d’UCS ont été inclus pour l’analyse. Quatorze patients (50 %) présentaient un angiœdème associé. À trois mois de l’introduction de l’OMZ, 10 RC (n = 10/22, 45,5 %), quatre RP (n = 4/22, 18,2 %) et huit NR (n = 8/22, 36,4 %) étaient observées. En moyenne, les patients recevaient 13,1 ± 8,4 injections pour une durée moyenne de traitement de 13,5 ± 8,8 mois. Pour sept patients sur 28 (26,9 %) une intensification du traitement était nécessaire pour 3 RC et 4 NR. La dose de 300 mg/15 jours était la plus fréquemment efficace (permettant d’obtenir 3 RC). Pour huit patients sur 28 (30,7 %) le traitement a pu être espacé permettant de maintenir 7 RC. La dose minimale la plus fréquemment efficace était le schéma à 300 mg/5 semaines pour quatre patients. Douze patients ont arrêté leur traitement dont cinq en raison d’une RC et deux en raison d’un effet indésirable.DiscussionÀ ce jour, aucun consensus n’existe sur la manière d’arrêter le traitement en cas de réponse complète (décroissance progressive ou arrêt brutal). De même, en cas d’inefficacité pour la dose usuellement reconnue et utilisée dans cette indication, aucun consensus n’existe sur la manière d’incrémenter le traitement. Faut-il privilégier une augmentation de dose tout en maintenant l’intervalle de 4 semaines ou faut-il privilégier le raccourcissement du délai inter-dose ? Ou voire modifier les deux, en proposant une dose de charge dans les UCS les plus sévères notamment avec angiœdème ? Nos données suggèrent que plusieurs schémas sont possibles et doivent être proposés au cas par cas dans l’attente de données prospectives robustes permettant la hiérarchisation des schémas en comparant le schéma classique de l’AMM (300 mg/mois) à un schéma optimisé à 300 mg/15 jours potentiellement étendu à 450 mg/15 jours en cas de réponse insuffisante.