IntroductionLe loxoscélisme est une affection secondaire aux piqûres d’araignées ; l’atteinte cutanée y est au premier plan avec une nécrose cutanée dans les cas extrêmes. Nous rapportons un cas d’envenimation nécrotique par morsure supposée d’araignée très évocatrice de loxoscélisme cutané.ObservationUne femme de 35 ans, sans antécédent pathologique, consultait 48 heures après l’apparition brutale d’un placard érythémateux étendu de la fesse gauche. L’interrogatoire révélait une sensation de piqûre fugace et peu douloureuse survenue lors de l’habillage, six heures auparavant, et l’écrasement concomitant d’une araignée au contact de la peau. À l’examen clinique, la patiente était apyrétique, en bon état général, et présentait un placard inflammatoire douloureux à extension centrifuge centré par deux zones de nécrose entourées d’un halo clair avec pourtour inflammatoire.RésultatsLes examens biologiques courants (NFS, plaquettes, TP, TCA, enzymes hépatiques) étaient normaux et les prélèvements bactériologiques stériles. Aucun examen d’imagerie de la fesse n’était réalisé. Une nécrectomie avec cicatrisation dirigée a entraîné une guérison de la patiente.DiscussionLe loxoscélisme est une forme grave d’aranéisme nécrosant induite par le venin des araignées de la famille des sicariidés et du genreLoxosceles.Ce sont de petites araignées ubiquitaires que l’on peut trouver dans la plupart des régions tempérées et tropicales. Au niveau du pourtour méditerranéen où vit l’espèceLoxosceles rufescens, quelques cas peu nombreux ont été décrits en Tunisie, en Lybie, en Israël, enTurquie et en Grèce. L’activité nécrosante du venin des loxoscèles est liée à la sphingomyélinase D, qui induit une activation du complément, une hémolyse, une activation plaquettaire et une thrombose vasculaire, et à d’autres enzymes qui la potentialisent (phosphatases alcalines, lipases, protéases, hyaluronidases, etc.). Le diagnostic positif de loxoscélisme repose idéalement sur la capture et l’identification de l’araignée responsable, ce qui est rarement fait en pratique, notamment en raison du caractère peu douloureux de la morsure. Dans notre observation, le diagnostic de loxoscélisme cutané a été considéré comme très probable, en l’absence de preuve formelle par capture de l’araignée. Il repose sur un faisceau d’arguments : morsure peu ou pas douloureuse, présentation clinique caractéristique, élimination des diagnostics différentiels et présence deLoxosceles rufescensconfirmée dans la région (pourtour méditérranéen).ConclusionLe loxoscélisme est une envenimation potentiellement nécrosante due à une morsure d’araignée du genreLoxosceles. Il doit être envisagé par les dermatologues comme une cause possible de nécrose cutanée.