IntroductionLe syndrome d’ischémie oculaire est une pathologie peu fréquente secondaire à une hypoperfusion oculaire chronique par sténose athéromateuse sévère de l’artère carotide interne homolatérale. Nous exposons les aspects cliniques de ce syndrome, signe constant d’un terrain cardio-vasculaire précaire qui impose une prise en charge adaptée avant la survenue de complications neurologiques et cardiaques.Matériels et MéthodesUne analyse clinique et descriptive de 6 patients présentant un syndrome d’ischémie oculaire chronique est réalisée.RésultatsNotre série comprend 5 hommes pour 1 femme. La moyenne d’âge est de 61 ans. Ils consultent pour une baisse d’acuité visuelle unilatérale ou une douleur oculaire unilatérale liée à un glaucome néovasculaire. Une atteinte du segment antérieur est retrouvée dans 1/3 des cas : il s’agit de 1 cas de rubéose irienne et 1 cas de glaucome néovasculaire. Tous les patients présentent une atteinte du segment postérieur avec dilatation veineuse (6/6), hémorragies rétiniennes (6/6), nodules cotonneux (2/6), néovaisseaux pré-rétiniens (1/6), ou œdème papillaire (1/6). L’angiofluorographie rétinienne montre un retard et une hétérogénéité du remplissage choroïdien, un allongement du temps de transit artério-veineux, une ischémie rétinienne périphérique, et une extravasation tardive. Tous les patients présentent une surcharge athéromateuse carotidienne homolatérale avec une sténose carotidienne serrée (> 85 %) dans la majorité des cas (5/6).DiscussionEn dehors du traitement local symptomatique, la prise en charge ophtalmologique repose sur une panphotocoagulation rétinienne. Elle sera pratiquée de préférence avant une éventuelle endartériectomie carotidienne car la reperfusion du globe expose au risque de glaucome néovasculaire.ConclusionLe syndrome d’ischémie oculaire doit être évoqué devant un tableau d’occlusion veineuse rétinienne atypique, de glaucome néovasculaire inexpliqué, de rétinopathie diabétique asymétrique ou de rétinopathie hypertensive unilatérale chez des patients âgés aux facteurs de risque cardio-vasculaire importants. Même si l’atteinte oculaire est préoccupante, la prise en charge cardio-vasculaire reste prioritaire puisque la mortalité à 5 ans est de 40 %.