IntroductionTout examen précédant une blépharoplastie esthétique doit être complet, afin de dépister certaines situations à risque : ptôsis palpébral, ptose du sourcil, malpositions palpébrales… Dans de rares cas, l’interrogatoire retrouve des antécédents d’œdème palpébral à répétition pouvant être un des signes d’appel du syndrome du Morbihan. Devant cet aspect clinique, on éliminera systématiquement un œdème angioneurotique héréditaire par le dosage des différentes fractions du complément, ainsi qu’une prolifération lymphomateuse par une imagerie et un examen anatomopathologique.Matériels et MéthodesCinq patients, présentant un syndrome du Morbihan, ont été inclus prospectivement dans le but de définir les critères diagnostiques de ce syndrome. Les critères cliniques étudiés étaient : l’hypertrophie bilatérale des deux paupières, l’aspect induré, la présence d’une rosacée, la durée d’évolution supérieure à un an, l’intoxication alcoolo-tabagique chronique, l’effet de la corticothérapie, les antécédents allergiques, l’évolution par poussées, la cortico-sensibilité, et les autres localisations faciales associées. Les critères anatomopathologiques étaient : l’œdème, la mucosecrétion, l’index mitotique et les autres signes de malignité.DiscussionLes critères cliniques retenus chez tous les patients étaient : des œdèmes faciaux cortico-résistants, à répétition, évoluant par poussées, depuis plus d’un an, associés à une rosacée, de localisation palpébrale, inter-sourcilière et frontale. Les antécédents d’allergie ou d’intoxication alcoolo tabagique n’ont pas été retrouvés de manière significative. L’examen anatomopathologique montrait chez l’ensemble des patients un tissu inflammatoire aspécifique sans signe de malignité.ConclusionLe syndrome du Morbihan est un syndrome associant des œdèmes palpébraux, cortico-résistants, à répétition, évoluant par poussées, de façon chronique, dans un contexte de rosacée. Le traitement réside en une blépharoplastie après avoir constaté une raréfaction des poussées. L’examen anatomopathologique montre une inflammation aspécifique et élimine surtout une prolifération lymphomateuse. Le patient devra être prévenu du risque de récidive, restant cependant rare en l’absence de nouvelles poussées.