IntroductionLes hépatites médicamenteuses sont une complication inévitablement associées aux avancées de la pharmacologie et de plus en plus rapportées en pharmacovigilance. Toutes les classes thérapeutiques peuvent être concernées, les anesthésiques plus particulièrement. Nous rapportons le cas d’une hépatite aiguë avec insuffisance cellulaire au THIOPENTAL (barbiturique). Le tableau clinique aspécifique complique la démarche diagnostique.ObservationUn homme de 51 ans, suivi depuis 4 ans pour une épilepsie partielle temporale gauche, séquellaire à un traumatisme crânien, est pris en charge pour un nouvel état de mal épileptique ; comliquant l’inobservance des antiépileptiques prophylactiques.Le patient est pris en charge par le SAMU qui réalise deux injections de RIVOTRIL, puis devant l’inefficacité de ce traitement, réalise une induction par PENTHOTAL-CELOCURIN, une intubation orotrachéale, et enfin un entretien par PENTHOTAL - SULFENTANYL.Quarante-huit heures plus tard, le bilan biologique objective une hypertransaminasémie majeure à 100 N, prédominant sur les ALAT (ALAT = 5885 UI/L, ASAT = 3362 UI/L), une hyperbilirubinémie majeure à 10 N à prédominance libre sans ictère clinique associé et un effondrement du TP à 24 % et du facteur V. L’ensemble évoquant une hépatite aiguë avec insuffisance hépatocellulaire. La recherche des toxiques, les sérologies virales, le bilan bactériologique et auto-immun reviennent négatifs. L’échographie hépatique et le scanner thoraco-abdomino-pelvien ne montrent pas d’anomalie hépatique ni biliaire. Ainsi une cause toxique est évoquée. Après déclaration du cas en pharmacovigilance, le THIOPENTAL est retenu comme agent pharmacologique inducteur de cette hépatite médicamenteuse grave, par son imputabilité extrinsèque et intrinsèque. L’évolution est spontanément favorable en 15 jours, avec une régression progressive de la cytolyse hépatique et une correction des paramètres de l’hémostase. Aucune complication clinique n’est observée.DiscussionL’incidence rapportée des hépatites médicamenteuses est comprise entre 1/10 000 et 1/100 000 cas, d’après les registres des médicaments avec AMM[1]. Cependant l’épidémiologie de l’hépatotoxicité médicamenteuse reste peu documentée malgré la création de départements de la pharmacovigilance, faute d’une sous-déclaration des praticiens. En effet, le diagnostic d’hépatotoxicité médicamenteuse reste difficile à poser, eu égard d’une part au caractère très aspécifique du tableau clinique et d’autre part à l’utilisation synchrone de nombreux médicaments rendant l’imputabilité intrinsèque faible.Peu de données sont disponibles dans la littérature, concernant les hépatites médicamente...