IntroductionLa folliculite à éosinophiles (FE) est une dermatose à éosinophiles caractérisée par une inflammation d’origine non infectieuse des follicules pilo-sébacés liée à une infiltration par des polynucléaires éosinophiles.ObservationUn patient de 76 ans, suivi pour une leucémie aiguë myéloïde sur LMMC et traité par azacitidine depuis décembre 2015 est hospitalisé en juin 2016 pour un tableau bruyant d’hyperthermie à 40 °C et de lésions cutanées papulo-pustuleuses de la face et du cuir chevelu douloureuses et prurigineuses. Les hémocultures restent stériles de même que l’écouvillon réalisé au niveau du pus d’une lésion cutanée ; la biologie montre un syndrome inflammatoire avec CRP à 280 mg/L et une hypereosinophilie modérée à 780/mm3. Pas d’amélioration sous traitement antibiotique associant anti-staphylocoque et antipyocyanique. La biopsie cutanée montrera un aspect de folliculite et de perifolliculite aiguë et subaiguë riche en polynucléaires éosinophiles. Sous corticoïdes par voie générale, on obtiendra une cicatrisation complète des lésions et une régression de l’hypereosinophilie. Malheureusement, quelques semaines après, l’éosinophilie réapparaîtra à 5000/mm3 de façon concomitante à la rechute cutanée et à la présence de blastes sanguins et médullaires à hauteur de 30 % signant une rechute de la maladie hématologique. L’évolution sera fatale en quelques jours.DiscussionLa FE est caractérisée par une inflammation d’origine non infectieuse des follicules pilo-sébacés liée à une infiltration par des polynucléaires éosinophiles. Elle se présente le plus souvent sous la forme de papulo-pustules folliculaires stériles et prurigineuses, prédominant au niveau de la face, du tronc, et de la partie proximale des membres supérieurs. Trois formes sont décrites : l’une associée aux états d’immunodépression (sida, hémopathies myéloïdes et lymphoïdes, greffes) ; une forme classique ou maladie d’Ofuji qui survient essentiellement chez des hommes adultes d’origine asiatique, immunocompétents et une forme chez le nourrisson. L’hypereosinophilie sanguine est inconstante. Le traitement n’est pas bien codifié, dermocorticoïdes de classe forte, corticothérapie générale, tacrolimus et traitement de l’hémopathie sous jacente ont été suggérés. Le caractère péjoratif de la survenue de cette affection n’est pas bien établi, mais dans notre observation comme dans d’autres retrouvées dans la littérature, la survenue d’une FE précédait une rechute ou une aggravation de l’hémopathie sous jacente.ConclusionLa survenue d’une folliculite à éosinophiles chez un patient porteur d’une hémopathie myéloïde ou lymphoïde doit faire craindre une rechute.