IntroductionLa morphine est couramment utilisée dans la prise en charge hospitalière de la crise vaso-occlusive (CVO) des patients atteints d’un syndrome drépanocytaire majeur (SDM)[1]. Des cas d’insuffisance corticotrope induite par la morphine ont été rapportés par plusieurs auteurs, notamment en oncologie[2] ; la morphine serait responsable d’un rétrocontrôle négatif au niveau hypothalamo-hypophysaire via l’activation de son récepteur μ[3]. L’impact potentiel de la morphine sur l’axe corticotrope au cours de la CVO chez le patient drépanocytaire n’est cependant pas connu. Nous rapportons ici notre expérience et la découverte d’une insuffisance corticotrope chez des patients drépanocytaires hospitalisés pour CVO ou syndrome thoracique aigu (STA) et traités par morphine.Patients et méthodesCette étude exploratoire, prospective et monocentrique, a été menée d’avril à décembre 2016. Ont été inclus les patients adultes avec un SDM, hospitalisés pour CVO ou STA et traités par morphine en intraveineux. Une 1re phase de l’étude a concerné des patients pour lesquels une hypotension (définie par une pression artérielle (PA) systolique < 90 mmHg et/ou diastolique < 60 mmHg) a été observée au cours de leur hospitalisation et ce en l’absence de cause évidente. En guise de groupe témoin, une 2nde phase a concerné des patients sans signe clinique d’insuffisance corticotrope. Chez l’ensemble de ces patients, un dosage du cortisol plasmatique et de l’Adréno cortico-trophin hormone (ACTH) était réalisé à 8 heures. Le diagnostic d’insuffisance corticotrope était retenu si le taux de cortisol était inférieur à 140 nmol/L avec un taux d’ACTH inférieur à 8 ng/L et une supplémentation par hydrocortisone était débutée. À chaque fois que cela était possible, les patients avec insuffisan...