IntroductionLe rhumatisme de JACCOUD (RJ) est une arthropathie chronique, déformante et non érosive qui touche préférentiellement les mains donnant un aspect clinique proche de la polyarthrite rhumatoïde. Il se distingue de cette connectivite par le caractère initialement réductible des déformations et l’absence d’érosions à la radiographie standard. Le RJ a été décrit pour la première fois dans le rhumatisme articulaire aigu et y a longtemps été associé. Cette pathologie étant actuellement en régression, Il est à présent fréquemment observé au cours du lupus érythémateux systémique avec une prévalence de 5 %. Nous rapportons une des rares observations d’un RJ se présentant comme manifestation articulaire d’un syndrome des anti-synthétases (SAS).ObservationPatiente âgée de 39 ans qui présentait un syndrome de Raynaud, des arthralgies inflammatoires, un aspect de mains de mécanicien, une pneumopathie interstitielle diffuse au stade de fibrose et un syndrome sec subjectif et objectif (test de Shirmer positif et sialadénite stade 4 à la Biopsie des glandes salivaires accessoires). Le bilan immunologique a objectivé une positivité des anticorps anti-JO1, des anti-SSA et anti-SSB avec un FR négatif. Le diagnostic de SAS associé à un syndrome de Sjögren secondaire a été retenu. À l’examen physique, la patiente avait également un coup de vent cubital bilatéral, une déformation en boutonnière des index réductible et des médius irréductible à gauche. La radiographie standard des mains n’avait pas montré d’érosions osseuses. Une arthropathie de Jaccoud a été retenue. Par ailleurs, il n’y avait pas de signes cliniques en faveur d’un lupus érythémateux systémique. Une IRM des mains a été pratiquée objectivant une prise de contraste des feuillets synoviaux de l’Interphalangienne proximale du pouce droit et un pincement de l’interligne articulaire et ostéophytes marginaux en rapport avec une atteinte dégénérative.DiscussionL’atteinte articulaire au cours du SAS est principalement non érosive mais la survenue d’un RJ n’est pas fréquente. L’absence d’érosions à la radiographie standard en dépit des déformations à la clinique est caractéristique. Toutefois, comme dans notre cas, des lésions à l’IRM peuvent être constatées et sont compatibles avec le diagnostic. Un RJ qui évolue depuis plusieurs années, peut faire le lit d’une atteinte dégénérative et entraîner des déformations irréductibles de par la fibrose à long terme.ConclusionLes arthralgies inflammatoires ne sont pas les uniques manifestations articulaires dans le SAS. Une déformation des mains d’allure rhumatoïde peut être observée. Dans ce contexte, un RJ doit être évoqué.