IntroductionL’hématome sous-capsulaire du foie (HSCF) dans le HELLP Syndrome (HS) est une des complications les plus redoutables de la pré-éclampsie sévère. Il complique 1 % des HS. La mortalité maternelle oscille entre 50 et 70 %. Les corticoïdes ont prouvé leur efficacité relative dans la prise en charge de la pré-éclampsie sévère et de ses complications. Toutefois, leur prescription peut être délétère. Nous rapportons une observation de HS avec HSCF et défaillance multiviscérale après instauration d’une corticothérapie.ObservationMme D., 32 ans, G2P1, sans antécédents, est transférée au CHU pour prise en charge d’un volumineux HSCF dans les suites d’une césarienne pour pré-éclampsie sévère à 38 semaines d’aménorrhée (SA) avec HS. Le traitement initial associait un anti-hypertenseur intraveineux (nicardipine) et des corticoïdes (bêtaméthasone 12 mg/j pendant 48 h). Peu après son transfert, la patiente présente une détresse respiratoire nécessitant une ventilation assistée compliquée d’une insuffisance rénale aiguë traitée par dialyse et d’un état de mal épileptique.DiscussionL’évolution gravissime de la patiente ne semble pas avoir été améliorée par les corticoïdes. Ont-ils été délétères en favorisant la survenue d’un œdème aigu du poumon ou en favorisant la survenue d’une infection (deux hémocultures et un ECBU positifs àE. coliau 6ejour) ? Le prolongement des grossesses sous corticoïdes ferait courir à la mère un risque vital en augmentant la probabilité de développement de complications graves (insuffisance rénale, éclampsie), bien qu’aucune étude ne le prouve actuellement. La prévention primaire de la survenue des HSCF par les corticoïdes n’est actuellement pas prouvée non plus.ConclusionUne attitude raisonnable semble être de ne pas dépasser 48 h de corticoïdes dans les grossesses de plus de 32 SA présentant un HS. Le rapport entre le bénéfice fœtal apporté et le risque maternel (HSCF, insuffisance rénale, détresse respiratoire) ne va pas dans le sens de prolonger au-delà ces grossesses. Une temporisation de plus de 48 h des grossesses plus jeunes est possible sous surveillance intensive par une équipe entraînée avec interruption de la grossesse en cas de complications maternelles ou d’échappement biologique (LDH >1 400 UI/L, ASAT> 150 UI/L, acide urique > 460 μmol/L).