Les auteurs rapportent un cas de neutropénie découverte fortuitement à l’occasion des prélèvements systématiques dans les premiers jours de vie chez un nouveau-né prématuré et dont la sévérité a motivé un traitement par facteurs de croissance des granulocytes (Neupogen®).V.B. naît au terme de 35 semaines. Mme B, souffrant d’une rectocolite hémorragique sévère a reçu pendant toute la grossesse un traitement par mézalazine (Pentasa®). On note d’emblée une leuconeutropénie (2 400 leucocytes, 240 neutrophiles). Aucun argument chez la mère ou chez l’enfant, ne permet de penser à une infection (contexte clinique, prélèvements bactériologiques). Cependant, en raison de la persistance de la neutropénie et d’une discrète élévation de la CRP, l’enfant reçoit une antibiothérapie pendant 5 jours.À J13, la neutropénie persiste et s’aggrave (0 neutrophiles). Le myélogramme pratiqué à ce stade montre une moelle riche, avec une régénération granulocytaire après un probable blocage promyélocytaire, compatible avec une toxicité médicamenteuse.Devant une détérioration de l’état général de l’enfant, associée à une contamination fungique et une élévation de la CRP, on prescrit une antibiothérapie à large spectre, dont un antifongique, et 2 injections de filgrastim (Neupogen®) à 24 heures d’intervalle (5 μg/kg/j). On assiste alors à une évolution favorable clinique, hématologique et bactériologique.L’enquête étiologique réalisée parallèlement mettra en évidence une allo-immunisation maternelle anti NA1.La neutropénie du nouveau-né est souvent associée à l’infection, l’hypertension maternelle, ou la prématurité. Sa persistance conduit à évoquer d’autres mécanismes, en particulier immunitaires. L’allo-immunisation est un phénomène rare, estimé à 1/2 000 naissances, mais vraisemblablement sous-estimé car le plus souvent sans conséquence. Elle est due au passage transplacentaire, au cours de la grossesse des alloanticorps maternels IgG, dirigés contre des antigènes des polynucléaires du foetus. Le risque principal est l’infection du nouveau-né, bactérienne ou fongique. L’amélioration est progressive, mais la neutropénie peut persister au delà du troisième mois. Passé la phase initiale, le risque d’infection sévère n’est pas supérieur à celui d’un enfant sain. Le risque de récurrence est très important pour les naissances ultérieures.Le traitement se discute dans les premières semaines en présence d’infections menaçantes ou récidivantes. L’utilisation des facteurs de croissance des granulocytes dans cette indication est intéressante, permettant par le biais d’une stimulation de la granulopoïèse et d’une mobilisation des granulocytes marginés, une remontée rapide et durable du nombre de neutrophiles, sans effets secondaires notables.La découverte d’une neutropénie néonatale isolée nécessite, lorsqu’elle se prolonge, et du fait des risques de complications infectieuses, un diagnostic étiologique et une prise en charge thérapeutique.