Introduction et objectifsNous rapportons un cas rarissime d’adiaspiromycose, pathologie pulmonaire liée àEmmonsia crescens.Matériels et méthodesHomme, 25 ans, sans ATCD, aux activités troglodytes (élargissement de galeries souterraines), hospitalisé pour une dyspnée aiguë dans un contexte d’AEG évoluant depuis 2 mois. L’examen clinique retrouvait une fièvre à 38,7 °C, des crépitants fins des deux champs pulmonaires, des ADP sousmaxillaires bilatérales, une discrète hépatomégalie. Biologiquement, présence d’un SIB, sérologie VIH négative. La RP puis le scanner retrouvaient un syndrome réticulo-micronodulaire diffus des 2 champs pulmonaires avec de multiples ganglions médiastinaux. Un 1erbilan infectieux complet était négatif au niveau sanguin, urinaire, fécal. 2 endosopies bronchiques étaient non contributives. La biopsie pulmonaire retrouvait un granulome nécrotique avec identification par séquençage génétique d’un champignon :Emmonsia crescens. Un traitement par itraconazole 400 mg/j per os était instauré, sans amélioration après deux mois de traitement justifiant l’utilisation d’amphotéricine B liposomale à la dose de 3 mg/kg/j, avec une évolution précoce favorable.RésultatsEmmonsia crescensetEmmonsia parvasont les agents pathogènes d’une pathologie pulmonaire appelée l’adiaspiromycose. Bien que présent de manière ubiquitaire chez les rongeurs et les petits animaux sauvages, cette pathologie est rarement diagnostiquée chez l’homme et moins de 60 cas sont publiés dans la littérature mondiale, principalement chez des patients immunodéprimés.Emmonsia sp.sont des champignons saprophytes du sol et il est probable que la contamination se fasse par inhalation de spores fungiques. Notre patient s’est probablement infecté lors de ses activités souterraines dans des galeries colonisées par les terriers de petits rongeurs. Les éléments histopathologiques typiques de la maladie pulmonaire incluent des granulomes nécrotiques et la mise en évidence d’adiaspores, éponyme de la maladie. L’adiaspore se présente sous la forme d’une sphérule de 50 à 500 μm. Sa mise en culture est difficile et sa mise en évidence de manière accidentelle est souvent faite sur les pièces autopsiques. Ceci expliquerait probablement une prévalence sous estimée. Des auteurs allemands rapportent l’utilisation de la technique de séquençage par ARN 18S pour l’identification de l’adiospore. Si divers antifungiques ont été utilisés dans le traitement de l’adiaspiromycose, c’est l’amphotéricine B qui est la plus fréquemment utilisée.ConclusionEmmonsia sp.est l’agent pathogène inhabituel d’une pathologie pulmonaire rare appelée l’adiaspiromycose. Bien que l’épidémiologie de la pathologie ne soit pas connue, cet agent fungique pathogène devrait être évoqué dans le diagnostic différentiel des granulomatoses infectieuses pulmonaires chez des patients ayant des activités spéléologiques.